Ce sont des vacances dans le Haut-Médoc (près de Bordeaux) qui ont donné l’idée du film au couple de réalisateurs Nathalie Sauvegrain et Philippe Appietto. Ce dernier se souvient : "On se baladait avec notre caravane (qui est celle du film) et on est tombé sur ce lieu : Le Pin-Sec. C'était le coucher du soleil, on en est tombé raide dingue. (...) Cette ambiance, ces paysages, cette lumière, nous ont profondément travaillé."
A l'origine, Nathalie Sauvegrain et Philippe Appietto ambitionnaient simplement d'écrire un court métrage : "L'idée était d'y mettre tout ce qu'on aime, des références de films, des musiques et des artistes qu'on aime, les gens qu'on a rencontrés depuis des années, notamment des musiciens que Nathalie avait photographiés... sans trop se soucier de mécanique scénaristique. Et en un mois, on a écrit un premier jet de 80 pages."
La vision du film de Guillaume Canet, Les petits mouchoirs sorti en 2010, a convaincu Philippe Appietto et Nathalie Sauvegrain de réaliser Océane : "Un soir à Paris, on a eu envie de se replonger dans cette ambiance. Alors on va voir Les petits mouchoirs tourné au Cap-Ferret, sauf qu'on ne retrouve pas du tout notre été ; c'est même l'inverse. Donc en réaction, on se dit « pourquoi pas faire notre film ? »."
Les personnages du film passent par des tranches de vies différentes et difficiles, comme le thème de la recherche du père ou certains drames de la vie. Pourtant, le but des réalisateurs n’a pas été de faire un film dramatique. Le mot d’ordre était plutôt de "rester drôle et léger, en dépit de la gravité de certains évènements. Ne jamais être dans le pathos."
L’esthétique soignée d'Océane était un facteur important pour retransmettre la beauté des paysages du Haut-Médoc à travers l’écran. Pour la réussite visuelle du film, le chef opérateur Antoine Sanier a dû s’inspirer de l’image du Lauréat de Mike Nichols et de Down in the valley de David Jacobson, pour leurs lumières ouatées et chaudes.
Avec Océane, le but des deux réalisateurs était de créer "une bulle hors du temps" où ils pouvaient se replonger dans ces fameuses vacances du Haut-Médoc. Pour renforcer cette vision, les références temporelles ont été évitées au maximum : "On a mis tout le monde à contribution pour les vieilles bagnoles et les fringues vintage ; on a par exemple pioché dans la collection de slips des années 80 d’Oliboy (Olivier Clastre). Il y a bien quelques téléphones et un ordinateur portable, mais ils ne servent qu'à annoncer de mauvaises nouvelles..."
La musique est composée de divers morceaux propres à la musique indépendante, allant du rock avec The Dukes, en passant par le folk avec Sparky in the clouds ou l’électro avec Dax Riders. Du côté des personnalités, les connaisseurs reconnaitront Tito Larriva, vu dans le film de Robert Rodriguez Une nuit en enfer de 1996, car il s’agit du chanteur du groupe de rock latino Tito & Tarantula qui se produit au fameux Titty Twister, le bar infesté de vampires.
Le choix de Lou Lesage pour incarner Océane est dû à un concours de circonstances. Suite au désistement de l’actrice principale initialement choisie deux mois avant le tournage, c’est en regardant le film d'Eva Ionesco, My Little Princess, que Philippe Appietto et Nathalie Sauvegrain ont pensé à Lou : "Un soir à la maison, on commence à regarder le film en VOD. Et sur la présentation du film, il y avait une erreur dans l'ordre des acteurs : Lou Lesage apparaissait en seconde position, juste derrière Isabelle Huppert, alors qu'elle n'a qu'une toute petite scène dans le film."
Nathalie Sauvegrain avait déjà rencontré Olivier Clastre pour un shooting publicitaire, il y a déjà une dizaine d’années. C’est, avant tout, l’originalité d’Olivier qui a intéressé les réalisateurs à faire appel à lui pour camper ce musicien : "En 2006, il a été l'un des lauréats du concours CQFD des Inrocks avec sa chanson « Je vous encule ». La première fois qu'on l'a vu sur scène, on avait été sidérés. Cette originalité-là, elle est rare."
La plupart des personnages secondaires sont joués par des amis des réalisateurs : "On tenait à réunir des potes qui viennent avec leurs parcours artistiques, on avait envie que nos personnages de fiction soient nourris par l’authenticité de ceux qui allaient les interpréter : Juliette Dragon, qui annonce les concerts, fait des spectacles burlesques. Les Sticky Boys, c'est un vrai groupe. La bassiste, Lulu (Mélanie Török), c'est une vraie bassiste. Le gérant du surfclub, c'est un vrai surfeur. On a mélangé le tout avec des vrais talents de comédiens comme Diana Laszlo, la gérante du bar, […] On voulait créer une ambiance, une troupe - techniciens compris - et c’est l’énergie commune qui a permis de faire Océane. On a vécu une aventure humaine et collective incroyable et ça se sent dans le film."
Le fait qu’il n’y ait pas d’acteurs connus du grand public a été un frein au financement du film : les différents producteurs rencontrés voulaient changer le casting pour y mettre des vedettes, ce qui a été refusé par Philippe Appietto et Nathalie Sauvegrain qui ne voulaient pas perdre l’essence du film. C’est finalement grâce à Ciné+ et certains co-producteurs que le sujet a pu être traité avec un budget estimé à environ 610 000 euros.
Le tournage a eu lieu au Pin-Sec, plage de Naujac-sur-Mer en Gironde, l’endroit même où le couple de réalisateurs avaient passé leurs vacances quelques années auparavant. Appietto et Sauvegrain sont revenus sur ce "coin de Californie" et ont eu le plaisir de constater que l’endroit était resté aussi paradisiaque avec une météo très clémente : "Le miracle, c'est qu'il n'a pas plu une seule fois sur les 24 jours de tournage."