Marianne Lamour a souhaité réaliser La Ruée vers l’art afin de comprendre cette nouvelle tendance mondaine qui consiste à acquérir des œuvres d’art contemporaines. C’est une immersion dans un univers aussi hermétique que secret, bien loin du reste du monde touché par la crise. La réalisatrice a donc dû être initiée par Danièle Granet et Catherine Lamour qui par chance réalisaient une enquête plus ou moins similaire. Ces dernières ont donc rejoint la cinéaste dans son aventure.
Pour réaliser une enquête complète, Marianne Lamour, Danièle Granet et Catherine Lamour ont effectué une tournée des foires et salons internationaux. Elles se sont ainsi rendues au FRIEZE de New York et de Londres, au SH Contemporary de Shanghai, à l’Art Basel de Miami, Hong Kong, et Bâle, à l’Art Stage de Singapour, etc. Le trio était surpris, parfois ébahi, de retrouver à l’autre bout du monde les mêmes personnes. Ces retrouvailles appuient l’idée d’une minorité dirigeant le monde de l’art.
Il était dur pour la cinéaste Marianne Lamour de pouvoir approcher ce monde de près, mais il était encore plus dur d’essayer de le comprendre. Le marché de l’art échappe à tout contrôle, il n’y a absolument aucune transparence.
Malgré la découverte d’un univers plus que singulier, ce qui a le plus marqué Marianne Lamour était l’impressionnante sécurité déployée au port franc de Singapour : "Les œuvres d’art, tels des actifs mobiliers aussi précieux que l’or le plus fin, sont enfermées dans des coffres-forts avec codes ultra secrets, grilles sécurisées, lourdes portes articulées depuis un centre de contrôle. Le marché de l’art est en pleine expansion en Asie, qui se donne les moyens d’une rare sophistication."
Si l’art était autrefois réservé à une élite experte, il est aujourd’hui devenu une valeur sûre, un investissement, comme le précise le marchand/collectionneur David Nahmad. Pour ce dernier, c’est avant tout le prix qui définit la qualité de l’œuvre. L’art est victime de sa commercialisation. Aujourd’hui, un artiste est un produit marketé, coté ou non grâce à la publicité des marchands : "Le monde de l’art est à l’image de la mondialisation, celle de la finance, de l’économie, et il illustre le déplacement du centre de gravité vers les pays émergents au détriment, en particulier, des pays occidentaux", confie Marianne Lamour.