En Mayenne (département des Pays de la Loire), le terme de "soui" est employé comme synonyme du mot "bordel".
Un clip visant à attirer l’attention des internautes sur le film a été diffusé sur Youtube en février 2011 et la mise en ligne de la bande-annonce à la fin de l’année 2012 ont déclenchés les foudres des autorités ecclésiastiques. Cependant, créer la polémique n’était pas dans l’objectif de Dominique Rocher, le réalisateur : "La religion n’était pour nous que l’un des éléments (parmi d’autres) constitutifs du caractère mayennais. Les deux ou trois plans incriminés n’étaient, dans notre esprit, que d’innocents clins d’œil dépourvus de toute velléité de provocation. Les catholiques pratiquants, membres de notre équipe, ont, d’ailleurs, été les premiers surpris de l’ampleur de cette polémique…"
Contrairement à ce qui a pu circuler lors de la mise en ligne de la bande-annonce sur Internet, Va y avoir du soui ! ne traite pas de la religion. Le réalisateur explique : "Le film repose sur la confrontation entre deux univers : la douceur angevine et la violence urbaine. Notre idée était de valoriser la qualité de vie qui prévaut encore en Mayenne en l’opposant à la rudesse des comportements citadins."
Le tournage de Va y avoir du soui ! s’est déroulé à Château-Gontier, la ville natale de Dominique Rocher. Altruiste, le cinéaste a d’abord voulu partager ses connaissances de l’audiovisuel pour les associations et collectivités de la région. Puis, il a oeuvré en créant l’association "Couvoir" qui propose des formations dans le domaine cinématographique aux jeunes provinciaux. Rocher témoigne : "C’est ainsi que j’ai été amené à intervenir dans quelques établissements scolaires parmi lesquels un lycée privé dont les élèves se sont vite montrés particulièrement intéressés et inventifs. Ce sont eux qui, après avoir tourné quelques clips et courts métrages, m’ont entraîné dans cette folle aventure…"
Grâce à l’association "Couvoir" qu'il a créée, Dominique Rocher a pu rencontrer des jeunes provinciaux passionnés de cinéma comme lui. Ce partage entre ces deux mondes a donné naissance au scénario du film que le cinéaste s'est empressé d'écrire : "C’est à partir de cette matière brute récoltée lors des réunions que j’ai écrit le scénario. Il fallait créer une véritable progression dramatique et veiller à la cohérence globale de l’histoire. L’écriture des dialogues fut, ensuite, comme une récréation…"
Le manque d’argent pour Va y a voir du soui ! a failli être la cause de l’avortement du projet. Le réalisateur en a très vite pris conscience : "Un film tourné en Mayenne par des Mayennais n’avait aucune chance de trouver le moindre financement auprès de diffuseurs nationaux". Dominique Rocher a donc dû recourir à d’autres subterfuges pour réunir une somme d'argent suffisante : "Force nous fut donc d’imaginer un système alternatif reposant sur le bénévolat militant et sur la solidarité. Un système qui allait permettre au film d’exister mais qui nous interdirait tout financement public (CNC, Région, etc.) Entre autres originalités, notre film peut donc se prévaloir d’être l’un des seuls (voire LE seul) à être parvenu sur les écrans sans avoir coûté un centime aux contribuables…" Au final, le film a coûté 28 000 euros.
Cinéphile et diplômé de l’école de cinéma Louis Lumière, les goûts éclectiques de Dominique Rocher ont influencé l’écriture de Va y avoir du soui ! : "J’ai surtout pensé à Gérard Oury (pour La Grande Vadrouille) et aux frères Coen (pour Arizona Junior et O’Brother). J’ai essayé d’allier le classicisme du premier aux décalages des seconds. Je voulais que la caméra se fasse oublier au profit de l’histoire et que les spectateurs aient le sentiment de vivre quelque chose de vraiment jubilatoire."
Pour en améliorer la qualité sonore, Dominique Rocher s’est offert le luxe de doubler le film, "comme les grosses productions américaines", se réjouit-il. Il s'est ainsi débarrassé de toutes les impuretés habituelles à la prise de son directe.
Grâce à la solidarité de plusieurs personnes, Va y avoir du soui ! a bénéficié d’un dispositif technique presque aussi important qu’un film soutenu par un grand studio. Par exemple, la grue de tournage a été prêtée par un ingénieur à la retraite résidant dans le Var. Il en a été de même pour le steadicam et d'autres appareils techniques.
L’affiche de Va y avoir du soui ! fait clairement référence à l’univers de la bande dessinée, dont l’ensemble du film est imprégné. En effet, Dominique Rocher, avant de devenir réalisateur, a commencé sa carrière en tant que dessinateur humoristique. Une aptitude mise à contribution dans ses premiers courts métrages. Pour Va y avoir du soui !, le cinéaste s’est aidé de son talent pour l’élaboration du storyboard complet du film : "Cela ressemblait fort à une bande dessinée dont on aurait retiré les bulles. Ce travail m’a pris deux mois, mais j’avais besoin d’avoir toutes les images en tête avant de dire "moteur" et cette méticuleuse préparation nous a permis de gagner énormément de temps au tournage."
Va y avoir du soui ! a été tourné durant l’été 2011. Un été "particulièrement pourri" pour le réalisateur qui, en raison du mauvais temps, a été obligé de retourner de nombreux plans au cours de l’année 2012.