Ce film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2014. Ken Loach est parmi les « recordmen » du Festival en terme de participations : le cinéaste britannique compte pas moins de 17 sélections, depuis 1970 ! Il a reçu 5 prix, dont une Palme d’or en 2006 pour Le Vent se lève.
Pour Jimmy's Hall, le réalisateur britannique Ken Loach s'est inspiré de la pièce "Jimmy Gralton's Dancehall" écrite par Donal O'Kelly, et qui revient sur l'histoire mouvementée de Jimmy Gralton, un activiste communiste irlandais qui a pris la nationalité américaine en 1909. Il retourne sur sa terre natale en 1921 pour y ouvrir un dancing dans le comté de Leitrim. Ce dernier se fera déporter aux Etats-Unis en 1933. Il est le seul à avoir été expulsé de son propre pays sans procès.
C'est de nouveau le Britannique Paul Laverty, fidèle collaborateur de Ken Loach depuis Carla's song (1995), qui signe le scénario de Jimmy's Hall. On lui doit notamment les scénarios de Sweet Sixteen (2002), pour lequel il reçoit le Prix du meilleur scénario à Cannes, ou encore Le Vent se lève, Palme d'or à Cannes en 2006.
Déjà dans Le Vent se lève, Ken Loach prenait pour cadre les terres irlandaises. Dans Jimmy's Hall, le cinéaste britannique évoque de nouveau le conflit irlandais dans les années 20 et 30 : "Sur le plan historique, les deux oeuvres sont complémentaires : Jimmy's Hall aborde les mêmes enjeux et s’intéresse à la manière dont ils évoluent – l’État libre d’Irlande est en place depuis dix ans et il est intéressant de voir qui détient le pouvoir à présent", décrypte la productrice du film Rebecca O'Brien.
Si le Pearse-Connolly Hall, ce foyer ouvert à tous les Irlandais qui s'y rendaient pour danser, étudier, ou discuter dans les années 20, a été détruit le 31 décembre 1932, on peut y trouver aujourd'hui un panneau en bois rappelant l'existence de cette maison de quartier pensée par Jimmy Gralton : "Emplacement du Pearse-Connolly Hall. À la mémoire de Jimmy Gralton, socialiste originaire de Leitrim, expulsé pour ses convictions politiques le 13 août 1933."
C'est de nouveau l’historien Donal Ó Drisceoil, professeur à l’University College de Cork et spécialiste de l’histoire politique et sociale de l’Irlande, qui a officié comme consultant historique sur Jimmy's Hall, après avoir collaboré avec Ken Loach sur Le Vent se lève en 2006 : "Il nous a apporté une aide précieuse, pour nous documenter sur le climat politique de l’époque, nous donner quantité de détails précis et répondre à nos innombrables questions", confie le scénariste Paul Laverty.
C'est dans des conditions réelles que les musiciens du film ont joué de leurs instruments. En effet, Ken Loach a insisté pour que le public puisse voir leur travail en direct et ne soit pas confronté à des pistes sonores préenregistrées : "C’est la seule manière de pouvoir voir des musiciens en train de jouer, et les échanges entre les musiciens et les danseurs, car autrement, on aurait le sentiment que quelque chose sonne un peu faux, ou qu’il manque quelque chose."
Quant aux décors, le cinéaste a opté pour reconstruire le Hall de manière naturelle plutôt qu'en studio : "Lorsque l’on tourne en studio, on est tenté de ne pas construire le décor à l’échelle ; par contre, une construction grandeur nature impose une discipline que, à mon avis, le spectateur ressent." Enfin, pour être le plus fidèle possible à l'histoire de Jimmy Gralton, l'équipe du film a posé ses caméras dans le comté de Leitrim en Irlande, là où se trouvait le Hall.
La directrice de casting Kathleen Crawford a recruté des acteurs professionnels irlandais qui vivaient dans les alentours du comté de Leitrim : "(...) nous avons tâché de recruter les comédiens sur place, parce que le sentiment d’appartenance régionale est une dimension fondamentale dans le film, qui ne concerne pas seulement les acteurs principaux et les figurants."
Pour apprendre les pas de danse du Lindy Hop (danse acrobatique) et du Step Dancing (danse traditionnelle irlandaise), les acteurs de Jimmy's Hall ont répété pendant quatre semaines à Londres puis se sont ensuite rendus en Irlande pour tourner les scènes de danse en question. Si Barry Ward, qui incarne Jimmy, était un piètre danseur à l'origine, sa partenaire dans le film, Simone Kirby, avait pratiqué la danse étant petite et s'est vite remise dans le bain.
Jimmy's Hall est présenté comme le dernier film de Ken Loach avant sa retraite cinématographique. Selon la productrice du film, Rebecca O'Brien, interrogée par Screen Daily : "[Jimmy's Hall] est probablement le dernier film de fiction de Ken. Il y a quelques idées de documentaires dans l’air, et ce sera probablement la manière de s’en aller, mais ce film est un drame historique sérieux, avec de nombreux passages émouvants, donc c’est quelque chose de conséquent à construire. Je pense qu'on devrait arrêter tant qu’on est au top."