Ce film pourrait également avoir pour titre: "Histoire d'amour (et histoires annexes)". Rien de très original, en effet, dans le sujet ici abordé: la rencontre d'un homme et d'une femme, en l'occurrence Arman (Vincent Macaigne) et Amélie (Maud Wyler), la naissance de leur amour, leur vie commune avec ses hauts et ses bas. Sur cette trame ultra classique se greffent d'autres histoires, d'autres personnages, d'autres évocations: Benjamin, le meilleur ami d'Arman, la soeur de ce dernier, son père, la petite amie de Benjamin, etc.
Pas de quoi s'enthousiasmer, dira-t-on. Eh bien, si! Car si le sujet a certes des airs de déjà vu, le traitement, lui, est des plus inventifs et emporte irrépressiblement non seulement l'adhésion du spectateur, mais sa plus grande sympathie. Sébastien Betbeder, le réalisateur, a choisi de séquencer le film en courts chapitres et surtout de faire commenter les actions et les péripéties par les personnages eux-mêmes. Tout au long de l'oeuvre donc, ceux-ci interviennent, face à la caméra, livrant leurs impressions, leurs appréciations, leurs réflexions sur les événements passés ou les événements en cours. Ce procédé pourrait vite tourner en rond et devenir lassant, mais ce n'est pas le cas: l'excellence des acteurs et le choix de personnages pour qui l'on ressent une forte empathie font que l'on ne se fatigue jamais de les voir s'exprimer.
De plus, s'il s'agit bien d'une histoire d'amour (on pourrait même dire de deux histoires d'amour), cette histoire (ou ces histoires) naît, grandit, se développe (naissent, grandissent, se développent) dans des circonstances qui ne manquent pas de piquant. De Paris en Suisse, puis de nouveau à Paris, on s'amuse, on se passionne, on rit, on pleure, on tremble, on s'étonne sans une minute de répit. Sébastien Betbeder a conçu un film qui mêle finement la drôlerie, l'émotion et la poésie. Une chanson de Michel Delpech par çi, une chanson de Georges Moustaki par là, l'évocation des thèmes les plus graves (la maladie, la mort), les clins d'oeil au cinéma de Jacques Demy, de Judd Apatow, d'Eric Rohmer, la visite de l'exposition "Munch" au Centre Pompidou, etc.: que d'inventivité, que d'imagination dans le scénario! Et quand le film s'achève, on se dit, le sourire en coin et la larme à l'oeil, que ce qu'on vient de voir est irrésistiblement séduisant! 8,5/10