Pour son second long-métrage, Hicham Lasri poursuit sur sa lancée et signe une nouvelle œuvre ancrée dans un contexte politique fort. En 2011, le réalisateur s’était dévoilé au public en réalisant un film, The End, dont l’intrigue s’installait à la suite de la mort du roi Hassan II. Dans C’est eux les chiens, il s’appuie cette fois sur l’actualité récente du pays et intègre son récit au cœur du Printemps arabe qui avait secoué le Maghreb en 2011.
Hicham Lasri aime appuyer ses histoires sur des événements forts. Ici, l’intrigue pivote autour de deux événements primordiaux dans l’histoire du Maroc et de Casablanca. Tout commence en 1981 avec les "émeutes du pain" qui firent descendre le peuple dans les rues pour lutter contre les augmentations des prix des denrées céréalières. La suite, quant à elle, se déroule lors du printemps arabe, nouvelle manifestation populaire pour l’obtention de meilleures conditions de vie (emploi, pouvoir d’achat…).
Souhaitant un rendu presque documentaire pour son film, Hicham Lasri a opté pour un tournage assez sauvage dans le sens où il n’a pas souhaité bloqué les rues afin d’obtenir un champ parfaitement dégagé. Le réalisateur marocain a ainsi tourné directement dans les rues de Casablanca avec une équipe très resserrée d’une dizaine de personnes. Un changement notable par rapport à son premier long-métrage où il disposait d’un budget élevé et d’une équipe technique forte de 80 unités.
C’est eux les chiens présente la particularité de ne pas avoir été financé via le producteur du film, Nabil Ayouch, qui a investi son argent personnel dans le projet en accord avec Hicham Lasri. Ce dernier refusait, en effet, d’attendre les subventions étatiques. Il souhaitait disposer d’une totale liberté d’action et de ton.
Film à petit budget, C’est eux les chiens a bénéficié d’une belle exposition puisqu’il a été présenté lors du 66ème Festival de Cannes en 2013. Il a fait partie de la sélection de l’Association pour le Cinéma Indépendant et sa Diffusion (ACID).
Le film d’Hicham Lasri a reçu le prix du meilleur long-métrage de fiction lors du 10ème festival du cinéma africain de Cordoue. Par ailleurs, C’est eux les chiens a également reçu le Grand Prix de Zagora à l’occasion du Festival International du Film Transsaharien.
Le personnage central, Majhoul, interprété par Hassan Badida, est doté d’un surnom un peu surprenant : 404. Trois chiffres qui se réfèrent à une anomalie d’une page Internet : « 404, l’erreur inhumaine d’un système déviant, le personnage principal d’une ode à la mémoire » précise le réalisateur Hicham Lasri.
Au début du film, le réalisateur met en scène un symbole qui apparaîtra à de nombreuses reprises dans la suite du long-métrage : le cercle. Cette figure géométrique renvoie à Majhoul, personnage "qui tourne en rond, comme beaucoup de choses autour de lui" selon Hicham Lasri, qui la détourne à sa guise, à travers de multiples références, telles que la ronde d'Ophüls ou encore les danseurs de On achève bien les chevaux de Sydney Pollack.
Après deux longs-métrages figurant dans la sélection de l'ACID à Cannes, le réalisateur Hicham Lasri est en train de monter un nouveau projet, "(Kills) S.", qu'il développe actuellement à la Résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes. "(Kill) S." mettra en scène un jeune couple au bord du gouffre.