Sean, 16 ans tout juste, se retrouve dans une petite ville du Canada rural (anglophone). Son beau-père ne souhaite plus sa présence, et le jeune homme, mortifié de ne pas avoir été retenu par sa mère, désolé de ne plus voir sa jeune demi-soeur très aimée, tente de se faire accepter dans son nouvel univers. Son père est taiseux et aime surtout la chasse, ses camarades de classe l'ostracisent volontiers, car il vient de la "ville", a un look "gothique" et en fait aucun centre d'intérêt en commun avec eux. Le pire est l'équipe de hockey locale (le hockey, véritable religion au Canada), qui le moque et l'humilie en permanence, augmentée des "blondes" de certains joueurs. "Deanna" est l'une d'elles, qui pourtant s'entretient volontiers sans témoins avec le garçon sur Skype. Sean tient un blog sous alias ("Blackbird"), où il développe des scénarios (fantasmés) de vengeance. Les autorités locales craignent le pire, ayant eu vent de la chose - le père de Sean ayant un bel arsenal chez lui, le principe de précaution les conduit à arrêter l'ado, qu'ils imaginent en suiveur du "Columbine" américain. Ce premier film a de nombreuses qualités, qui brosse un portrait sans surcharge, mais aussi sans concessions, d'un adolescent tourmenté (comme tant d'autres !), mais diablement attachant, qui apprend (dans la douleur) à devenir adulte. Ce faisant, on assiste au passage à la critique opportune de l'école, de la justice, du système pénitentiaire pour mineurs surtout. En prime, une romance façon (mutatis mutandis) Roméo et Juliette (pour cambrousse enneigée) belle et délicatement mise en scène. Le jeune Connor Jessup (déjà une belle expérience, surtout à la télé) est remarquable dans le rôle-titre, bouleversant même. Ne serait-ce que pour lui, film à voir.