Le titre Ex Machina provient de l'expression latine « Deus Ex Machina » signifiant « Dieu issu de la machine ». Cette phrase est née dans les tragédies grecques : lorsqu'un acteur jouait Dieu, il était abaissé via une sorte de plate-forme prenant l'aspect d'une machine qui permettait de faire descendre ou monter le comédien. Ainsi, il aidait les autres personnages à résoudre les problèmes rencontrés dans la pièce, pour que la fin de l'histoire soit heureuse.
Les trois personnages principaux d'Ex Machina portent des noms faisant directement référence à la Bible. Le personnage d'Ava (Alicia Vikander) est inspiré d'Eve, celui de Domhnall Gleeson, appelé Caleb fait référence à l'un des douze explorateurs envoyés par Moïse pour découvrir la Terre Promise et pour finir, le personnage de Nathan (Oscar Isaac) fait appel à l'un des prophètes vivant à la Cour du Roi David.
Après avoir mené une carrière d'environ 15 ans à travers le métier de scénariste pour des longs-métrages tels que La Plage, 28 jours plus tard et Sunshine, tous trois de Danny Boyle, Alex Garland se lance enfin dans la réalisation avec Ex Machina, un film de science-fiction, un genre qu'il affectionne tout particulièrement.
La figure de l’intelligence artificielle est un topos du cinéma qui découle directement de la littérature (Prométhée, Frankenstein). Dernièrement, c’est Chappie qui s’attaquait au mythe, Sonny dans I, Robot, Samantha dans Her ou encore Baymax dans Les Nouveaux Héros. Prochainement, ce sujet sera abordé dans L'ère d'Ultron. Néanmoins, les exemples les plus célèbres du septième art demeurent David dans A.I. Intelligence Artificielle et bien sûr Hal dans 2001: l'odyssée de l'espace.
Le rôle d'Ava a été attribué à l'actrice Alicia Vikander (Anna Karenine de Joe Wright, Le Cinquième pouvoir de Bill Condon) alors qu'au départ celui-ci a été proposé à Felicity Jones (Une merveilleuse histoire du temps de James Marsh).
Les comédiens Alicia Vikander (Kitty) et Domhnall Gleeson (Kostya Levin) ont déjà tourné ensemble dans l'une des dernières versions d'Anna Karénine de Joe Wright, dont les personnages principaux sont interprétés par Keira Knightley, Aaron Taylor-Johnson et Jude Law.
Voilà que Domhnall Gleeson se retrouve une nouvelle fois dans un projet où prend place la robotique. En effet, le jeune comédien qui se retrouve face à une sorte de femme mi-humaine, mi-robot dans Ex Machina, a lui aussi emprunté les traits d'un robot à l'intelligence artificielle presque humaine, dans un épisode de la série Black Mirror, intitulé "Be Right Back".
Le tournage a eu lieu principalement en Norvège et dans les célèbres studios Pinewood à Londres. Il a duré 6 semaines.
La bande originale du film a été composée par Ben Salisbury et Geoff Barrow qui ont précédemment travaillé avec le réalisateur Alex Garland sur un autre film de science-fiction, Dredd. Les deux hommes ont préféré s’éloigner de tout ce qui est électronique. Ils voulaient composer une palette de morceaux étranges et fascinants, avec des envolées et des morceaux de bravoure.
La campagne promotionnelle d’Ex machina a eu une idée de génie pour créer le buzz autour du film. Surfant sur la popularité de la nouvelle application de rencontre Tinder, l’équipe marketing a offert aux utilisateurs les plus chanceux l’opportunité de discuter avec la jolie Ava. Le personnage incarné par l’étoile montante Alicia Vikander a donc littéralement essayé de draguer la gente masculine.
Domhnall Gleeson et Oscar Isaac ne se quittent plus puisque nous les retrouverons à la fin de l'année 2015 pour Star Wars : Episode VII - Le Réveil de la Force.
Pour les besoins du film, Alex Garland a consulté le roboticien Murray Shanahan, un spécialiste qui a travaillé sur l’intelligence artificielle dans les années 1980, lorsque la pensée dominante concevait qu’une machine pourrait être programmée pour imiter l'intelligence humaine en utilisant un ensemble de conditions prédéterminées. C'est d'ailleurs un livre de ce roboticien qui a inspiré le film.
Domhnall Gleeson a séduit la directrice de casting et Alex Garland grâce à la fragilité et l'innocence qu'il dégage, ce qui correspondait parfaitement à la personnalité de Caleb. Il est l'antithèse du mâle dominant.
Ex machina a fait l'ouverture de la 22ème édition du festival international du film fantastique de Gérardmer ou il a remporté le prix du jury. Le réalisateur est venu en personne présenter son film en avant-première.
Caleb, interprété par Domhnall Gleeson, joue un programmateur sélectionné pour faire passer au projet d'Oscar Isaac le test Turing, qui consiste à évaluer à l'aveugle la faculté chez un robot d’imiter la conversation humaine. Ce test a été créé par Alan Turing en 1950, dont le biopic Imitation Game est sorti en début d'année 2015. "Alan Turing a compris que les machines sur lesquels on travaillait à l'époque pourrait un jour devenir des machines pensantes, et plus seulement des machines "calculantes". Il a présagé qu'il allait devenir difficile de déterminer si on avait affaire à une entité pensante ou qui donnait seulement l'impression de penser", explique le réalisateur.
À un moment du film, Ava porte une robe blanche avant de passer devant un tableau de Gustav Klimt représentant justement une femme en robe blanche. La peinture est en fait un portrait de la sœur de Ludwig Wittgenstein, un philosophe à qui Ex machina fait référence à plusieurs reprises. Cette référence ne vient pas de Garland mais plutôt de la chef décoratrice Michelle Day qui a placé la peinture sur le mur. Le réalisateur l’a seulement remarqué quand il a visité le plateau pour la première fois.
La compagnie Double Negative, en charge des effets spéciaux du film, et notamment de ceux consacrés au personnage d'Ava, est connue pour avoir remporté l'Oscar des meilleurs effets visuels pour Interstellar lors de la 87ème cérémonie.
S’agirait-il d’un échauffement pour Oscar Isaac ? En interprétant un étrange génie aux motivations obscures et à la musculature imposante, l’acteur nous offre un aperçu de son futur travail sur X-men : Apocalypse, dans lequel il jouera le grand méchant. Les deux personnages partagent en effet ce goût de l’isolement vis-à-vis de l’humanité et un penchant mégalo. Le personnage de Nathan est décrit comme quelqu'un d'obnubilé par sa formé physique et ses capacités intellectuelles.
De nos jours, la vie des internautes en ligne est peut-être la plus grande source de données existante. Après tout, nos recherches sont répertoriées dans des historiques et toutes ces informations combinées pourraient, en théorie, résumer le monde moderne. Ce concept, à la fois terrifiant et fascinant, s’est avéré utile pour Alex Garland. Dans le film, Nathan est le propriétaire d’un moteur de recherche appelé Bluebook (l’équivalent fictionnel de Google) et c’est avec des données informatiques qu’il parvient à sculpter l’esprit d’Ava sur le modèle de l’humanité.
Pour donner de l’épaisseur à Nathan, Oscar Isaac l'a envisagé comme le Ying-yang. Il a puisé dans deux figures historiques bien distinctes, Boby Fischer et Stanley Kubrick, afin de créer différentes facettes du personnage. Le célèbre joueur d’échec a inspiré une part plutôt sombre, celle d’un homme brillant mais en proie à la colère, tandis que le réalisateur légendaire a apporté un aspect plus lumineux. Pour ce qui est des traits physiques, la barbe et les lunettes, il faut se pencher du côté de la seconde référence. A part le génie, l'autre point commun entre ces deux hommes est qu'ils étaient autodidactes.
Avant de devenir actrice, la belle Alicia Vikander faisait partie de la troupe du Ballet Royal suédois dans l’optique de devenir danseuse classique professionnelle. Son expérience l'a aidé à imaginer la gestuelle de l’androïde Ava. Chaque mouvement devait être fluide et d’une précision extrême, tout sauf mécanique. Etonnement, en essayant d’atteindre une forme de pureté et d’innocence, l’actrice parvient à avoir l’air encore plus robotisée. Le scénariste Alex Garland explique : "Alicia portait une combinaison qui limitait ses mouvements (...) Elle devait jouer un personnage féminin qui n'est pas une femme mais qui doit néanmoins exister à part entière."
Alex Garland ne cache pas qu'il a fortement été influencé par Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Un des premiers projets cinématographique auquel il a participé, La Plage, comprenait de nombreuses références au chef-d’œuvre de 1979. Cet héritage se retrouve aussi dans Ex machina : "J'entretiens dans ma tête une lointaine analogie entre Nathan et le personnage de Kurtz. Tous deux ont passé trop de temps seuls en amont du fleuve. Quand on voit Nathan pour la première fois, sa raison a déjà commencé à se désagréger."
Oscar Isaac a passé le casting pour jouer dans Sunshine, dont le scénario a été écrit par Alex Garland. C'était le premier scénario qu'il lisait après sa formation d'acteur et il a déclaré avoir fait une véritable fixation dessus. Cette tentative n'a pas cessé de l'habiter et il a continué à travailler le rôle même après que celui-ci lui ait échappé. C'est pour cette raison qu'il a sauté sur l'occasion quand on lui a proposé de participer à Ex machina.
Tous les personnages partagent une attirance respective les uns envers les autres. Nathan est autant intrigué par Caleb, que Caleb par Nathan. Vient s'immiscer ensuite Ava, un être complexe qui va envenimer la relation entre les deux hommes car ils cherchent à gagner son affection. Si ce n’est pas un triangle amoureux à proprement parlé, c’est une histoire de fascination.
Pour Andrew Whitehurst, le superviseur des effets visuels, l'objectif était l'innovation : "La seule règle que j'ai imposée à mon équipe a été de ne pas regarder d'images de robots préexistants. Nous nous sommes inspirés de sculptures de Brancusi, de celles du Bauhaus, mais aussi de systèmes de suspension utilisés en Formulé 1, de VTT très sophistiqués. C'est à partir de là qu'une esthétique est née qui nous a aidés à construire Ava."
La conception du corps de l’androïde en numérique a demandé un travail titanesque à l’équipe du film. Les techniciens voulaient que sa texture rappelle à la fois le métal et le silicone. Sur les premières ébauches du personnage, des parties de son corps étaient de couleur doré mais l’affiliation avec Z-6PO était trop évidente, et il a été jugé préférable de recoloriser l’ensemble. Finalement, ils ont choisi de ne pas trop la robotiser et de créer un mélange d’organique et de synthétique.
Le film se déroule quasiment intégralement dans la forteresse high-tech de Nathan, censée se situer au beau milieu de l’Alaska. Afin de dénicher le décor idéal, les décorateurs ont tenté de se mettre dans la tête d’un milliardaire aux ressources infinies. Ils ont vite écarté l’idée de tourner dans un château ou une villa, se disant qu’un homme de cette envergure préfèrerait posséder un paysage naturel spectaculaire puisque que cela ne ferait que donner d’avantage d’omniscience au personnage. Il fallait que l’architecture de sa maison soit moderne, unique, en symbiose avec son environnement. Finalement c’est en Norvège que l’équipe a déniché le décor idéal, dans l’hôtel Juvet.