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    Les Confins du monde
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Les Confins du monde" et de son tournage !

    Un oeil sur Guillaume Nicloux

    Du cinéma expérimental (Les Enfants volants, La Vie crevée, The End) au triptyque noir (Une affaire privée, Cette femme-là, La Clef), de la comédie décalée (Le Poulpe, Holiday) au film politique (L’Affaire Gordji), en passant par le drame (Faut pas rire du bonheur), Guillaume Nicloux construit une oeuvre dense et unique en explorant tous les genres. La Religieuse et L’Enlèvement de Michel Houellebecq, présentés au Festival de Berlin, n’échappent pas à la règle. En 2015, Valley of Love inaugure un cycle de l’intime où quête existentielle et passion amoureuse sont les enjeux principaux de ses films. Les Confins du Monde est son seizième long métrage.

    Vérité fantasmée

    Les Confins du Monde se déroule juste après la Seconde Guerre mondiale alors que le conflit en Indochine se durcit. C’est un moment de transition flottant où les forces en présence semblent indéterminées... "1945 et 1946 sont deux années assez opaques, empreintes de zones d’ombre, peu photographiées et filmées. Si l’on admet qu’il n’existe pas de vérité historique objective mais seulement des interprétations, alors c’est une période très stimulante, propice à l’imaginaire. Sans tomber dans l’uchronie, c’est le sentiment d’une vérité fantasmée qui m’a intéressé, non la représentation d’une histoire officielle", confie le réalisateur Guillaume Nicloux.

    Pas de dénonciation du colonialisme

    La dénonciation du colonialisme n’est pas le propos du film, il est plutôt du côté de la quête existentielle... "Le maillage des deux s’est fait progressivement, d’une façon insidieuse. Je souhaitais que le personnage se détourne de son obstination, mais que ce détournement soit provoqué par une autre obstination, toute aussi forte. Et que le conflit des deux plonge Tassen dans un abîme inextricable et destructeur. La période décrite livre un cadre historique qu’il est important de préciser mais c’est le destin humain qui m’intéresse. La façon dont l’enfermement amoureux et la vengeance dictent les pulsions. Robert se livre à une guerre interne, celle qui n’obéit pas à la raison mais au chaos intime", analyse Guillaume Nicloux.

    Sacrifice et passion destructrice

    Sacrifice de soi, passion destructrice, vengeance, terreur... c’est une thématique proche du romantisme noir... Guillaume Nicloux évoque son choix de Gaspard Ulliel pour incarner son Robert Tassen : "J’avais découvert Gaspard pour la première fois dans Hannibal et l’avais trouvé d’une efficacité surprenante, très crédible dans la peau d’un jeune tueur sanguinaire. J’ai depuis suivi son parcours avec beaucoup d’intérêt, espérant trouver le projet qui allait nous réunir. Il porte en lui une grâce, une justesse rare, mêlées d’une étrangeté troublante. Une ambiguïté qui nourrit énormément la chair d’un personnage et lui offre une palette d’émotions très vaste. L’incarnation est une chose mystérieuse, elle doit répondre en partie à ce que vous imaginez du personnage et en même temps proposer ce que vous ignorez. Gaspard remplit formidablement cet espace créatif."

    Depardieu forever

    Gérard Depardieu pourrait surgir d’un autre des films déjà tournés avec Guillaume Nicloux... "On peut en effet imaginer que Saintonge, père de substitution de Tassen (Gaspard Ulliel), est aussi le Depardieu qui a perdu son fils dans Valley of Love et tisse un lien avec l’homme perdu dans la forêt de The End. On peut aussi pousser la comparaison en imaginant que la résurrection de Gaspard Ulliel émergeant de la fosse au début du film fait suite au suicide de Depardieu à la fin de The End... Sauf qu’ici Depardieu joue le rôle de catalyseur, celui d’un personnage qui insuffle le questionnement, l’ambiguïté et une certaine forme d’apaisement. Il propose une solution métaphysique à laquelle Tassen a du mal à adhérer. Comme s’il s’interdisait tout compromis, en plaçant l’amour et la vengeance sur le même plan il se force à choisir, malheureusement choisir c’est aussi renoncer", explique le cinéaste.

    Références

    La trame du film est bien celle d’une vengeance qui se transforme en quête. Vo Binh est-il le colonel Kurtz (Apocalypse Now) de Tassen ? Guillaume Nicloux répond : "Heureusement non. Même s’il est difficile d’échapper aux références, aussi écrasantes soient-elles, la mienne se situe plus du côté de La 317e section de Pierre Schoendoerffer. A mon sens la plus marquante du genre car c’est le premier film français à avoir traité la guerre d’une façon aussi minimaliste et nue, en ne montrant quasiment jamais l’ennemi. Faire ressentir le poids de l’attente mortifère et traduire visuellement l’absence de combat d’une manière aussi intense est unique."

    Jungle charnelle

    Guillaume Nicloux donne une dimension très charnelle au conflit à travers la jungle, la ville qui grouille, les scènes de dancing, l’opium, les corps emprisonnés dans des cages... une façon de rendre sensible par ce biais la sidération, ce sentiment d’irréalité que l’on doit ressentir face à l’horreur, et à la violence extrême de la guerre ? "La violence fascine. Elle nous plonge dans l’empathie et la perplexité, le rejet et l’angoisse. On peut la condamner et en même temps admettre qu’elle participe à l’intensité de notre vie. C’est le paradoxe irrésolu de son attrait. Il y a dans nombre d’oeuvres littéraires l’évocation d’images où la douleur et l’horreur flirtent avec la beauté et l’extase. Je n’irais pas jusqu’à dire que la guerre renferme tout cela à la fois mais c’est un monde où l’instinct de survivance est poussé à l’extrême, où les émotions sont intenses jusqu’à devenir éminemment exaltantes", développe le metteur en scène.

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