Le père du réalisateur Emmanuel Roy est mort en 1993 d'un cancer foudroyant de la plèvre après le désamiantage d'un collège qu'il dirigeait dans les années 1980. Le film s'inspire d'ailleurs du journal laissé par cette figure paternelle disparue.
Au-delà du documentaire, La Part du Feu a vocation de thérapie pour son auteur. "Raconter l’histoire de mon père ou faire une enquête sur sa mort ne m’intéressait pas. Je voulais plutôt explorer le sentiment que sa mort avait suscité en moi, et partir de ce qu’il m’avait finalement laissé en héritage", confesse Emmanuel Roy.
Plus que des témoignages, Emmanuel Roy a souhaité montrer la réalité de l'amiante aujourd'hui : "Le désamiantage du gymnase de Sanary a été une grande chance. Sylvie était maître d’oeuvre de ce chantier qui a commencé au même moment que mon tournage et j’ai pu l’accompagner dans son travail. J’ai donc découvert le gymnase en le filmant la première fois. Ce lieu abandonné, entièrement recouvert de poussière, avait quelque chose de monstrueux. Dès ce premier moment ce fut l’évidence que l’évolution du chantier serait un fil rouge, d’autant plus qu’il s’agissait de diagnostic, de déconstruction, de traitement… le parallèle était immédiat avec le journal de mon père", explique le réalisateur.
En parallèle de la réalisation de son film, Emmanuel Roy n'a pas chômé. Entre 2010 et 2013, ce dernier a été réalisateur associé dans le cadre du projet Images en mémoire, images en miroir, produit par Lieux Fictifs, INA et Marseille Provence. Dans le cadre d'ateliers de création partagée, réalisateurs et participants amateurs se sont appropriés des images d'archives pour raconter une part de leur histoire. Résultat, 250 courts-métrages ont été tournés dans six pays d’Europe et de Méditerranée. Durant ces 4 ans, Emmanuel Roy, lui, intervenait dans l'atelier permanent de la prison des Baumettes à Marseille, avec des étudiants d'Avignon et certains groupes européens.
Si le début des interdictions autour de l’amiante a commencé en 1977, il a fallu attendre 1997 pour que ce produit soit totalement interdit d’utilisation en France. Aujourd’hui, 4,7 % des bâtiments de l’Hexagone contiendraient encore de l’amiante, soit entre 4 et 6 millions de m² floqués et 500.000 m² calorifugés.