"The professional" ! Mais pas n’importe quel professionnel ! Un qualificatif qu’on attribue aux tueurs à gages les plus efficaces… mais que nous ne saurions attribuer à ce film sorti directement en DVD, donc sans passer par la case exploitation-commerciale-en-salles. A mon humble avis, il valait mieux car le désamour du public vis-à-vis de ce long métrage se serait vite fait sentir. Parce que finalement, si Sam Worthington campe LE professionnel qui dézingue tout le monde, il constitue également le principal intérêt de cette œuvre, ce qui me parait bien peu, encore que je ne trouve pas l’acteur franchement transcendantal. Car quoi qu’on en dise, malgré des scènes d’action assez réussies (j’ai beaucoup aimé le plan embarqué à bord d’un 3ème véhicule qui, au détour d’une rue perpendiculaire, rejoint les deux autres qui se livrent à une course-poursuite effrénée au cours de laquelle, pour une fois, les accrochages sont nombreux), l’ennui se fait parfois sentir faute d’audace, au point de ne pas vouloir de temps en temps pousser jusqu’au bout et de passer à autre chose. D’autant qu’au départ, rien n’est vraiment très clair. C’est assez désarçonnant au début car nous ne sommes jamais très loin des incohérences mais c’est là que réside une des rares bonnes idées du scénario : celui de placer le spectateur au même niveau que la cible, en prenant soin de ne révéler les tenants et aboutissants qu’au fur et à mesure du déroulement de l’action. Ma foi, cela suffit à garder le spectateur devant son écran. Pour autant, ce dernier n’échappe pas à une impression de déjà-vu : franchement, vous ne trouvez pas qu’il y a comme un petit air de "Léon" (1994) et de "Assassins" (1995) entremêlés ?
D’un côté le tueur fraternise avec une gamine, de l’autre il devient la cible…
Bon certes l’intrigue est différente, et il en va de même pour les personnages, sans même parler du contexte. Malgré ces différences, il en ressort un film très moyen, avec des personnages sans véritables reliefs pour lesquels nous ne ressentons pas grand-chose. L'écriture quant à leur psychologie est sommaire, ce qui a pour conséquence de réduire à sa plus simple expression un sevrage d'une fâcheuse addiction. Non la primeur a été laissée à l'action. Si encore un minimum de tension se faisait ressentir… Même pas ! Pas de quoi donc faire éclater au grand jour la jeune Odessa Rush au grand public. Quant aux seconds couteaux tels qu’Allen Leech, ils sont pour ainsi dire insignifiants. Son personnage devient même ridicule quand il retrouve directement confronté à la réalité des choses qu’il a lui-même provoqué. Seule Verónica Echegui dégage quelque chose mais elle ne sera finalement qu’assez peu exploitée, plombée il est vrai par un nouveau rebondissement qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Quoiqu’en y réfléchissant un peu… pas tant que ça en fait. Toujours est-il qu’en matière de rebondissements, le spectateur est servi. Presque trop, et ça en devient limite indigeste. Mais cela traduit un réel effort des scénaristes qui se sont basés sur le roman « For the dogs » de Kevin Wignall. Je ne connais pas le bouquin, aussi je ne ferai aucun commentaire sur la qualité de l’adaptation. Après tout, peut-être que ces nombreux rebondissements sont bien présents dans l’œuvre originelle. Mais j’ai la désagréable impression qu’ici ces retournements de situation ont été mal amenés. C’est dommage parce que ce thriller d’action avait un bon potentiel pour être au minimum un divertissement honnête, même sans être réellement innovant, ce qui est le cas ici.