À peine deux mois sont passés que Liam Neeson revient sur les écrans pour jouer à nouveaux des flingues et des poings dans un thriller d’action, le comédien étant désormais l’une des figures emblématiques de ce divertissement hollywoodien à l’instar de Nicolas Cage et Bruce Willis. Mais au lieu de retrouver son personnage de Brian Mills (la trilogie Taken), l’acteur collabore ici pour la troisième fois avec le réalisateur Jaume Collet-Serra (Sans identité, Non-stop) pour une virée nocturne mouvementée dans les rues de New-York avec sa progéniture, policiers et mafieux lancés à leurs trousses. Mais un jour viendra où le public en aura assez de voir Neeson dans ce genre de film (les critiques pleuvent sur le sujet depuis quelques temps). Night Run est-il le film de trop ?
Il est sûr que du point de vue scénaristique, le nouveau long-métrage de Jaume Collet-Serra n’est pas celui qui révolutionnera le genre. Night Run ne se montre, en effet, pas aussi élaboré qu’Identité secrète et Non-stop dans le sens où il ne part pas d’une trame mettant en avant suspense, révélations et twists en tout genre. Ici, juste l’éternelle histoire du tueur à gages qui va devoir se retourner contre son employeur, en passant par quelques thématiques traitées maintes et maintes fois : la rédemption d’un père auprès de son fils, celle d’un homme voulant purger ses crimes un premier temps dans l’alcool puis enfin par une bonne action, le face-à-face avec le tueur d’élite… Autant dire que Night Run se présente comme une énième version d’un action movie lambda des années 80, n’ayant pour ambition que de divertir le spectateur en lui offrant sur un plateau d’argent des comédiens connus (Liam Neeson, Ed Harris, Vincent D’Onofrio…), quitte à sacrifier l’originalité et le suspense. Et si vous allez voir Night Run, c’est que vous n’attendez rien que d’autre que du divertissement pur et dur.
Sur ce plan, le long-métrage remplit amplement son cahier des charges, le réalisateur appliquant son savoir-faire acquis depuis Sans identité, à savoir une mise en scène diablement efficace et fluide. Après une sympathique introduction présentant les personnages et leurs enjeux, avec en prime un savoureux jeu où Liam Neeson interprète un nouveau personnage alcoolique cette fois-ci poussé à l’extrême (allant jusqu’à jouer les Pères Noël vulgaires et cyniques), Night Run ne sera qu’un enchaînement de courses-poursuites, fusillades et autres corps-à-corps palpitants qui tiennent suffisamment en haleine pour faire oublier une trame prévisible, balisée de bout en bout, et assurer le spectacle. C’est rondement mené, rythmé comme il faut pour ne pas ennuyer… bref, vous en aurez pour votre argent ! Bien plus qu’avec Taken 3, étant donné que Night Run peut également compter sur une écriture plus maîtrisée et un casting bien plus prestigieux.
Malgré son classicisme qui pourra en exaspérer certain, le scénario du film fait la part belle aux personnages principaux, notamment la relation père/fils et l’amitié qui unit le personnage de Neeson à celui d’Ed Harris, sans oublier certains détails concernant les protagonistes comme l’alcoolisme du héros. Mettre en avant tout cela permet ainsi une attache simple et rapide envers les personnages, incitant le public à s’inquiéter de leur sort et ce même en l’absence de suspense, tout en donnant une certaine ampleur à quelques séquences du film. L’interprétation des comédiens aide également à ce constat : Liam Neeson a encore suffisamment de charisme pour faire croire à ce type de rôle qui lui colle à la peau, Ed Harris n’a pas besoin de cabotiner pour jouer les méchants, Joel Kinnaman possède bien plus de prestance qu’un Jai Courtney, le rappeur Common a fière allure en meurtrier… Tout a été fait pour que le spectateur puisse s’intéresser ne serait-ce qu’un minimum à l’ensemble pour que Night Run captive l’attention et que ses personnages suscitent l’intérêt.
Bien loin de la balourdise d’un Taken ou encore de l’ennui total généré par Balade entre les tombes, Night Run se range illico aux côtés des récents action movies style années 80, tels que John Wick et The November Man. Efficace et divertissant sont les mots d’ordre de ce long-métrage, exactement ce qu’attendait le public de la part de ce dernier. Il n’empêche, il serait peut-être temps pour Liam Neeson et Jaume Collet-Serra de passer à autre chose, car si la recette marche encore avec Night Run, elle risque vraiment de s’essouffler par la suite…