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    The Act of Killing - L'acte de tuer
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "The Act of Killing - L'acte de tuer" et de son tournage !

    Le génocide de 1965

    The Act of Killing - L'acte de tuer porte sur le génocide de membres du Parti Communiste Indonésien en 1965, accusés d'avoir tenté un coup d’État déjoué par le général Suharto. Après avoir pris la tête de l'armée, le général a ordonné une violente répression des sympathisants du parti, causant entre 500 000 et 1 million de victimes torturées et massacrées en quelques mois. Joshua Oppenheimer montre les gangsters ayant participé à ces exactions aux côtés des militaires et de la milice, qui rejouent devant la caméra les meurtres commis, et vivent encore aujourd'hui en totale impunité car proches du pouvoir en place.

    Deuxième film en Indonésie

    Joshua Oppenheimer s'est rendu en Indonésie une première fois en 2003, pour tourner son premier long métrage "The Globalization Tapes", un documentaire sur les ouvriers dans les plantations d'huile de palme. C'est à ce moment que le réalisateur a connu l'histoire du génocide et a voulu en faire un film. Il raconte : "J’habitais dans un village d’une région agricole au Sumatra-Nord. Les habitants - plutôt des survivants - tentaient de créer un syndicat pour protéger les travailleurs des plantations exposés à des produits nocifs. Depuis 1965, suite au génocide, la peur reste l’obstacle majeur (...). Aucun d’entre eux ne voulait parler, les tueurs étant partout autour de nous. Ils m’ont conseillé d’aller interroger les assassins qui seraient ravis de parler de leurs méfaits."

    Des bourreaux faciles à convaincre

    Les bourreaux n'ont pas été difficiles à convaincre pour participer au tournage de The Act of Killing - L'acte de tuer, comme l'explique Joshua Oppenheimer : "Pour eux, les actes qu’ils avaient commis n’avaient rien de répréhensible et méritaient plutôt d’être célébrés. Ils n’avaient donc rien à cacher. C’est précisément ce symptôme révélateur d’une terrible maladie morale et sociale que le film tente d’examiner. Je n’ai pas eu à les convaincre de jouer dans le film. Ils tenaient à participer."

    Un tournage éprouvant

    Joshua Oppenheimer a reconnu avoir eu des difficultés lors du tournage de certaines scènes, craignant de cautionner les actes des criminels en les filmant. Il explique : "Il y a plusieurs moments dans le film où j’ai ressenti cette compromission, mais ça me semblait nécessaire. (...) Quand nous avons filmé la scène où des commerçants chinois se font extorquer, ce fut une expérience très pénible. (...) J’aurais voulu disparaître de la surface de la Terre. (...) J’étais mortifié. J’ai demandé à mon collaborateur anonyme s’il fallait arrêter de tourner, mais il a insisté pour que l’on continue car ces méthodes d’extorsion quotidienne n’avaient jamais été documentées auparavant en Indonésie. Il avait raison, c’est une scène clé du film."

    Un travail d'orfèvre

    Le tournage de The Act of Killing - L'acte de tuer a été très prolifique pour l'équipe, qui a accumulé plus de 1 000 heures d'images. Le montage a donc été une étape cruciale de l'élaboration du film, et a duré de longs mois. Le réalisateur revient sur ce travail méticuleux : "Entre fin 2009 et début 2011, deux monteurs ont travaillé simultanément pendant 16 mois pour réduire 1000 heures à 23 heures de montage préliminaire. (...) Nous ne voulions pas prendre le risque de fausser la signification d’une scène ou d’avoir l’air de porter un jugement, sans qu’il y ait eu un travail de montage. Cela nous a aidé à trouver le ton du film. (...) La grande difficulté était de réussir cet exercice de haute voltige permanent entre empathie et répulsion."

    Anonymat

    Certains membres de l'équipe technique, dont un coréalisateur et un producteur, ont tenu à ne pas figurer au générique : ils sont donc mentionnés en tant qu'anonymes. Joshua Oppenheimer explique cette décision : "Il y avait un véritable risque pendant le tournage. Derrière cette appellation à la résonance particulière se cachent des personnes remarquables. Sans leur courage, le film n’aurait pas existé. (...) L’un d’entre eux a été pendant 8 ans mon assistant sur la réalisation, le son, le montage et s’occupe maintenant de la distribution en Indonésie."

    Projections clandestines

    The Act of Killing - L'acte de tuer a été projeté en Indonésie clandestinement, et a touché la population, celle-ci prenant peu à peu conscience de son Histoire : "La première du film a eu lieu le 10 décembre 2012, journée internationale des droits de l’homme. Depuis, des projections ont lieu secrètement dans tout le pays", raconte le réalisateur Joshua Oppenheimer, en poursuivant : "En Indonésie, ce spectacle d’un père fondateur du régime en place, s’étranglant littéralement sur les actes qu’il a commis, a eu un profond impact sur la population et la manière dont elle perçoit son histoire et ses dirigeants. Tout le monde savait que le pouvoir en place était corrompu et que certains politiciens avaient été des tueurs. Les langues se déliaient enfin."

    Second volet à risque

    Le prochain film de Joshua Oppenheimer portera de nouveau sur le génocide de 1965 ; après avoir donné la parole aux bourreaux dans The Act of Killing - L'acte de tuer, le réalisateur s'intéressera cette fois aux victimes et à leur vie aux côtés des criminels. S'il retourne en Indonésie, Oppenheimer s'expose de son propre aveu à des représailles certaines : "Je suis sûr que je peux rentrer dans le pays. Mais je ne suis pas sûr d’en sortir. (...) Un critique a même écrit : « si The Act of Killing avait été réalisé par un Indonésien, le film se serait appelé The Act of being killed. Si je retourne en Indonésie dans les prochaines années, je m’expose à des représailles venant des groupes paramilitaires et des services secrets."

    Cinéma-vérité

    Avec The Act of Killing - L'acte de tuer, Joshua Oppenheimer se décrit lui-même comme un héritier du réalisateur français Jean Rouch, grand nom du cinéma vérité : "Le cinéma vérité utilise cette présence [du caméraman] pour révéler le non-dit. Mon travail s’inscrit dans la tradition de Jean Rouch. (...) Ce qui m’importe, c’est de montrer comment les assassins se voient. En ce sens, ma démarche documentaire se fonde sur l’observation de l’imaginaire."

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