Le Grand Retournement est une adaptation de la pièce de Frédéric Lordon intitulée "D’un retournement l’autre - Comédie sérieuse sur la crise financière", publiée en 2011. Dès sa sortie en librairie, le réalisateur Gérard Mordillat a appelé l’auteur pour qu’il ne cède ses droits à personne d’autre que lui.
Gérard Mordillat s’est entouré d’acteurs ayant déjà tourné dans ses précédents films, à l’instar de Franck De La Personne, François Morel ou encore Jacques Pater.
Dans Le Grand Retournement, les personnages ne portent pas de nom. Frédéric Lordon, l'auteur de la pièce dont est tiré le film, explique : "Je voulais faire un théâtre d’archétypes, sans profondeur, sans psychologie ni états d’âme, avec des personnages réduits à l’état de simples supports des forces sociales qui s’emparent d’eux et qui parlent pour eux."
La pièce d’origine est écrite en alexandrin, un exercice difficile pour des comédiens peu expérimentés. Heureusement, une partie du casting de Le Grand Retournement est habituée à se produire sur les planches, à l’image d’Edouard Baer et de Jacques Weber.
Les prises de vue ont été effectuées à Aubervilliers, dans une usine. Le décor d’une zone industrielle à l’abandon renvoie aux conséquences néfastes de la crise financière. Gérard Mordillat avait déjà tourné une scène dans ce lieu en 2011 pour le téléfilm Les Cinq Parties du monde.
Le Grand Retournement marque la quatrième collaboration de Jacques Weber avec François Morel, après HH, Hitler à Hollywood en 2010, Que la lumiere soit en 1997 et Beaumarchais, l'insolent en 1996.
Le film comporte des images d’archives qui viennent créer un contraste entre l’intrigue du film et l’époque précédant la crise financière. Gérard Mordillat explique ce choix de mise en scène : "Ce sont peu de plans mais ils nous ancrent de façon certaine dans le réel, dans le ici et maintenant. Le film n'est pas un conte philosophique ni un exercice de style, c'est un essai critique très radical sur le fonctionnement du capitalisme, sur ses dérives, sur les catastrophes que provoque la quête éperdue du profit. C'est du réel, du contemporain, presque du documentaire, d'où l'appel aux archives."
Même s’ils se connaissent depuis le Conservatoire, Jacques Weber et Gérard Mordillat n’ont jamais tourné ensemble. C'est désormais chose faite pour le plus grand plaisir du réalisateur, qui précise : "Surtout que, dans le domaine de l’alexandrin, Jacques Weber est pour moi un premier violon extraordinaire."
La dégringolade des marchés survenue ces dernières années inspire bon nombre de cinéastes qui tentent de rendre compte des coulisses de la finance à travers leurs films : on compte par exemple J. C. Chandor avec Margin Call, Oliver Stone avec Wall Street : l'argent ne dort jamais ou encore Costa-Gavras avec Le Capital.