Sean Ellis considère son film Cashback (2006) comme autobiographique tandis que The Broken (2008) relève davantage de l'exercice de style. Metro Manila semble à part. Il confie : "Avec Metro Manila je suis devenu le réalisateur que je voulais être. Je cherchais un sujet qui me passionne et l’histoire [du film] est une histoire que je trouve particulièrement forte. Metro Manila est une sorte d’accomplissement, il m’a fallu trois longs métrages pour y parvenir !".
Sean Ellis s'est rendu à Manille en 2008 où il a assisté à une rixe d'une très grande violence, en pleine rue, entre deux convoyeurs de fonds. Obsédé par cette scène, il désirait comprendre les raisons de cette dispute. C'est ainsi qu'est née son envie de raconter une histoire se déroulant là-bas : "Au cours des mois qui ont suivi, j’ai commencé à écrire un traitement, convaincu que je reviendrais tourner très vite. J’ai rapidement cherché des financements, persuadé que je pouvais faire ce film pour presque rien. Mais il s’avère que peu de gens sont prêts à financer un film qui coûte moins d’un million de dollars."
Réaliser un film avec un petit budget relève parfois de l'impossible. Sean Ellis a donc rendu une petite visite à Ridley Scott : "Je suis même allé présenter le projet à Ridley Scott avec qui j’avais déjà collaboré, pour lui demander d’intégrer le budget de Metro Manila au budget de Promotheus en faisant passer ça pour des frais de maquillage ! Finalement j’ai réussi à obtenir les fonds nécessaires et nous avons commencé le tournage."
Jake Macapagal, comédien, avait pour mission de présenter différents acteurs philippins à Sean Ellis. Mais celui-ci s'est soudainement rendu compte qu'il était parfait pour le rôle tout comme Céline Lopez, la productrice du film : "(...) Mon portable ne cessait de vibrer pendant le rendez-vous, et à la fin de l’entretien je me suis rendu compte que c’était Céline qui, assise à côté de moi, m’avait envoyé des dizaines de messages pour me dire : « Jake doit jouer le rôle d’Oscar ! »."
L'équipe n'a pas toujours réussi à obtenir des autorisations pour tourner certaines scènes comme celle où Oscar se rend dans la banque. Elle a donc dû réussir la prise dès la première fois. Ainsi, Jake Macapagal a posé sa mallette sur le comptoir devant des employés interloqués et est ressorti de la banque aussi vite que possible.
Sean Ellis s'est inspiré de Training Day d'Antoine Fuqua. Il souhaitait établir entre Oscar et Ong le même type de relation entretenue par les personnages interprétés par Ethan Hawke et Denzel Washington. En outre, beaucoup de scènes de ce film culte se passent dans une voiture, comme dans Metro Manila : "Ces scènes donnent un rythme particulier au film, et cela nous a influencés en partie dans la manière dont le film est construit", explique Sean Ellis.
Sean Ellis semble avoir une affection toute particulière pour la France : "J’adorerais tourner un film en français. Cashback a d’ailleurs mieux marché en France qu’au Royaume-Uni. Ce qui ne m’étonne pas puisque le film est particulièrement influencé par le cinéma français. Et bien que le film soit une comédie anglaise imprégnée de romantisme, je l’ai toujours perçu comme étant « mon film français ! »"
Sean Ellis est un photographe de formation et a collaboré avec David Lynch pour la publication d'une série de photographies de mode. Il a également travaillé dans la musique et la publicité, avant de se lancer dans le cinéma.
Le film a obtenu le prix du public au Festival de Sundance.