L'Opéra du bout du monde a la particularité d'être un documentaire musical. A travers l'opéra du même nom composé par Jean-Luc Trulès, musicien réunionnais, les réalisateurs invitent le public à un voyage musical entre le XVIIème siècle et 2012, naviguant entre La Réunion, Madagascar et Paris.
Les cinéastes Marie-Clémence et Cesar Paes sont spécialisés dans le documentaire mêlant narration et musique. On leur doit en outre Saudade du futur (2000) ou Mahaleo (2004). Marie-Clémence est franco-malgache et Cesar est franco-brésilien. C'est ce mélange des cultures qui est le moteur du couple.
Le documentaire a été tourné sur l'île de la Réunion, à Madagascar et à Paris. Le film invite donc le public à prendre part à un voyage exotique dans les territoires d'outre-mer.
Les cinéastes ont voulu faire ce film dans un souci de réconciliation entre les peuples, et pour promouvoir une certaine idée du métissage : "Le film permet aux spectateurs de se réapproprier le mythe des origines, de bousculer les idées reçues sur la hiérarchie des cultures. Ce qui nous intéresse ici, c’est précisément l’origine métisse de l’Ile de la Réunion, à la fois française et enracinée dans les mythes et les rythmes de l’océan Indien. Tout au long du film, les faits historiques s’immiscent dans la tournée de l’opéra, dans les décors qui sont les lieux mêmes où l’histoire a commencé", expliquent avec ferveur Marie-Clémence et Cesar Paes.
Dans le film, le chef Jean-Luc Trulès a dirigé son orchestre à Fort-Dauphin (Madagascar), au Camp Flacourt, là où les officiers de la Compagnie des Indes ont rencontré les Malgaches pour la première fois. A noter que la foule présente assistait pour la première fois à un opéra.
L'Opéra du bout du monde se veut également une étude sur la colonisation : "L’histoire orale et l’histoire écrite se rejoignent à propos des premiers habitants de la Réunion. On nous raconte la construction de l’Empire colonial qui ne se fait pas uniquement par la force et le glaive mais aussi par la créolisation, par des chemins de traverse, tels que les histoires d’amour qui… finissent mal. Comme dans tous les opéras !", s'exclament les cinéastes, qui dépeignent leur film comme une passerelle "entre des univers qui ne se rencontrent que trop rarement, entre l’art lyrique et le grand public, entre le cinéma et l’opéra, entre l’histoire écrite et la mémoire orale, entre la métropole et l’outremer."