Juliette est le premier film de Pierre Godeau. Il a néanmoins déjà réalisé des courts métrages et plusieurs clips, comme celui de "Big Jet Plane" d’Angus et Julia Stone. Il a aussi été superviseur musical pour 11.6 réalisé par son père Philippe Godeau.
Pierre Godeau a toujours baigné dans le monde du cinéma, son père Philippe Godeau étant producteur. Le réalisateur de Juliette a donc pu avoir un aperçu des plateaux de tournage dès son plus jeune âge. Il raconte avoir été influencé par plusieurs metteurs en scène rencontrés tout au long de ses jeunes années : "[ils] passaient à la maison, m’encourageaient à "faire". Jaco Van Dormael surtout. Il me conseillait : "Regarde le plus de films possible, fais tourner ta caméra et initie-toi au montage"."
Le film de Pierre Godeau permet à Féodor Atkine et Yannik Landrein de partager une nouvelle fois une même affiche. Ils ont tous les deux joué en 2012 dans Populaire aux côtés de Romain Duris et Déborah François.
Pour son premier film, Pierre Godeau a choisi de faire le portrait d'une jeune femme qui préfère profiter de l'instant présent mais que la vie va forcer à grandir. Il reconnaît que le parallèle avec la réalisatrice de Virgin Suicides et Lost in Translation est inévitable : "Son travail a été une grande source d’inspiration. La latence, Sofia Coppola la filme, comme personne, et avec un certain courage, notamment dans Somewhere. La photo de Juliette en super 16 mm, à la fois intemporelle et naturaliste s’en inspire."
Lorsque Pierre Godeau a choisi Astrid Berges-Frisbey pour interpréter Juliette, ils ont tous les deux décidé de mettre en place une véritable collaboration. L’actrice a donc participé à de nombreux aspects du film : les repérages des lieux de tournage, la création des costumes, le déroulement du casting. C’est même elle qui a inventé la dernière phrase de Juliette : "Il faut bien que je gagne ma vie".
"Juste avant le début du tournage, la foudre m’est tombée dessus. J’ai soudain réalisé que… j’étais de toutes les scènes. Je n’avais encore jamais porté la responsabilité d’un film. Et c’est à Pierre que je le dois", admet Astrid Berges-Frisbey. C’est en effet la première fois que l’actrice a un rôle si important. Elle n’en est pas à son coup d’essai au cinéma pour autant. On a pu la voir dans La Fille du puisatier de Daniel Auteuil et dans Pirates des Caraïbes : la fontaine de jouvence aux côtés de Johnny Depp.
Pour entrer dans la peau de son personnage, Astrid Berges-Frisbey a eu besoin de vraiment comprendre Juliette. Au fil de ses conversations avec Pierre Godeau, elle y est parvenue mais a aussi eu recours à plusieurs tactiques : "Il fallait faire un travail encore plus minutieux et délicat pour l’attraper sans jamais l’enfermer. Mon premier mouvement a été de lui inventer une dégaine – enfiler une paire de chaussures et une veste définit déjà sa silhouette, sa façon de marcher – et de consulter pour me l’approprier son petit cahier de notes et de dessins. Il consigne ce qui lui échappe, renferme les histoires qu’elle se raconte, dit ses lignes de fuite et ses rêveries, devient son cocon."
La musique joue un rôle très important dans Juliette. On peut y entendre Camille, Devendra Banhart, The Do ou encore Youth Lagoon. Pendant le tournage, Pierre Godeau avait déjà une idée bien précise de quelle serait la musique de son film. Il arrivait même qu’au lieu de donner des indications à Astrid Berges-Frisbey, le réalisateur lui fasse écouter un morceau : "Cette démarche me donnait le rythme et l’impulsion qui sont l’essence même du jeu, elle me guidait dans la difficulté d’un plan séquence, elle me réorientait", explique l’actrice.
Si le scénario de Juliette a d’abord été écrit par Pierre Godeau, il a ensuite ressenti le besoin d’avoir un avis féminin. Il a donc fait appel à son amie, la journaliste-écrivaine Saskia de Rothschild, et a également requis l’œil expert de la scénariste Agnès De Sacy. Cette dernière a travaillé à plusieurs reprises avec Valeria Bruni Tedeschi, Zabou Breitman ainsi que Philippe Godeau.
Elodie Bouchez interprète la sœur de Juliette. L'actrice n'a pas immédiatement accepté ce rôle après avoir lu le scénario. Elle a demandé à rencontrer Pierre Godeau et lui a dit très honnêtement : "Ça ne parle pas de grand-chose". Une discussion avec le réalisateur l'a finalement convaincue : "Elle a accepté le rôle et j’en suis très fier. Nous avons, là aussi, noué une confiance et une complicité à travers les films que nous aimions", confie-t-il.