Shokuzai est l'adaptation d'un best-seller écrit par la romancière Minato Kanae, ce qui a constitué un véritable défi pour le réalisateur Kiyoshi Kurosawa, qui a dû apprendre à composer avec une histoire déjà écrite : "J’ai surtout découvert, avec une certaine appréhension, le devoir de fidélité au contenu du best-seller que j’adaptais. Je n’étais pas sûr de savoir ni d’aimer le faire", explique-t-il, en poursuivant : "Il s’avère qu’autant en termes de récit, je n’ai pas pu m’éloigner du livre, autant en termes de construction, je me suis réapproprié les choses, ai introduit des éléments ou des thèmes qui me sont familiers."
Les cinq comédiennes héroïnes de Shokuzai sont toutes très populaires au Japon grâce à leurs rôles dans des films ou séries télévisées ; quant à Kyôko Koizumi, elle est une chanteuse pop extrêmement médiatisée depuis son enfance. Kiyoshi Kurosawa leur a offert des rôles à contre-emploi qui pouvaient surprendre les fans : "Toutes ont été très enthousiastes à cette proposition. Peut-être parce que ces rôles leur permettaient de dépasser une frustration de jouer où elles se voient toujours confier les mêmes types de personnages", confie-t-il.
Shokuzai signifiant "pénitence" en japonais, Kiyoshi Kurosawa aurait volontiers changé de titre s'il en avait eu la possibilité. Il confie : "Ce titre original m’a en quelque sorte été imposé, puisque c’est celui du roman. Mais je ne l’ai pas du tout interprété sous l’angle de la religion. Plutôt comme quelque chose qui a effectivement à voir avec l’idée de destin". Le réalisateur avait en tête un autre titre, plus évocateur du sentiment de ses héroïnes : "Shokuzai est un titre un peu fort à mon goût. "La vengeance du destin" aurait été plus juste... mais moins digeste (rires) !"
Avec un choix de narration audacieux et beaucoup d'ellipses dictées par le caractère mystérieux du roman, Kiyoshi Kurosawa craignait de perdre le spectateur en route : "J’ai longtemps eu peur qu’on me reproche que ces ellipses compliquent la compréhension du film. Les projections en festival m’ont clairement rassuré sur ce point", déclare-t-il. "Ce procédé a aussi été imposé par le roman qui contient de nombreuses zones d’ombres. N’ayant pas d’éléments pour les éclairer, j’ai purement et simplement décidé de conserver cette volonté de la romancière."
L'histoire de Shokuzai se présente en deux longs métrages, qui offrent des portraits de femmes dont la réaction autour du même événement tragique diffère totalement : Celles qui voulaient se souvenir et Celles qui voulaient oublier. Au Japon, les films ont été présentés sous la forme d'une mini-série de cinq épisodes diffusée à la télévision en janvier 2012.
Shokuzai a été présenté hors compétition lors de plusieurs festivals internationaux prestigieux, parmi lesquels la Mostra de Venise en 2012 ainsi que le Festival asiatique de Deauville.