Un nouveau Pedro Almodovar au cinéma est souvent synonyme d'impatience chez les spectateurs français, friands de son univers. Le réalisateur espagnol prolifique toujours attendu au tournant sort aujourd'hui sur les écrans « Les Amants passagers », comédie de mœurs en forme de huis clos aérien, deux ans à peine après sa dernière prouesse malsaine « La piel que habito ».
Filmé mollement comme une télénovela péruvienne dégueulasse, « Les Amants passagers » est un raté, un « Cluedo » mineur dans la riche filmographie du maestro, qui compte quand même quelques chef d'oeuvres paraît-il (« Etreintes brisées », « Talons aiguilles », « Attache-moi ! », « La Mauvaise éducation » pour ne citer qu'eux). Ça démarrait pourtant de manière assez plaisante avec le caméo surprise de la paire fétiche du cinéaste, Antonio Banderas & Penélope Cruz, dans une séquence improbable, puis l'introduction de personnages, ma foi, plutôt attachants et originaux, le personnel de bord du zinc essentiellement. L'aventure aérienne d'Almodovar devient ensuite une affaire détestable, vulgaire et maniérée, truffée de clichés maladroits inhérents à l'homosexualité et hautement péremptoire.
Pedro Almodovar, pas très fun sur ce coup-là, dépeint de manière hautaine et ridicule le destin grotesque de plusieurs passagers – ceux de la Classe Affaire seulement, tiens donc – dont on a strictement rien à carrer, autour d'un pseudo fil rouge lui-même articulé sur une « panne technique » de l'avion. Les personnages bénéficient d'un traitement superficiel à souhait, les dialogues sont exécrables et mal écrits. La farce est tellement infecte qu'on en vient presque à se trouver dans le mal aise de compassion, voire de pitié pour les comédiens.
Fonctionnant sur une durée très courte (1h30 pile), le film réussit pourtant l'exploit d'être incroyablement mal rythmé, plombé en milieu de parcours par une séquence hors avion maladroite, qui n'a rien à foutre là.
Reste à saluer deux bonnes trouvailles, le travail du directeur artistique, qui utilise des couleurs pastel éclatantes pour complémenter le ton gay-friendly du film et la séquence chantée assez burlesque, même si elle vient forcément comme un cheveu sur la soupe dans une mixture suffisamment empoisonnée comme ça.