Je lis partout que cet «Almodovar» est un film mineur, qu’il aurait pu s’en passer, que c’est vulgaire, pas drôle, que sais-je encore ? Alors des films mineurs comme ça, je veux bien en regarder trois par jour !
Almodovar est détendu, on le sent à chaque plan, aucune pression, c’est limpide, clinquant, chatoyant, le scénario bien fichu, c’est une comédie qui ne se prend pas la tête, et aucun des comédien ne se prend au sérieux.
Avec les trois ou quatre derniers films (que j’adore) j’avais l’impression que Pedro courait après les prix. Rien à Cannes, rien à Venise, rien à Berlin, ça devait l’énerver et le fatiguer. Du coup il prend le contre pied et renoue avec le ton et l’ambiance de ses premiers films comme «Femmes au bord de la crise de nerfs» par exemple. Ici, tous les personnages frôlent la crise d’hystérie, et le plus drôle est bien sur le huis clos imposé, un avion dont le train d’atterrissage est cassé, qui tourne, tourne, et tourne encore au dessus de Tolède ! La métaphore, c’est bien sur l’Espagne en crise d’aujourd’hui dont il nous donne un échantillon avec la poignée de passagers avec lesquels nous passons une heure trente. D’ailleurs, le petit peuple, celui de la classe économique est chloroformé, et passe la totalité du vol endormi. Seul les personnages de la classe affaire et les membres d’équipage sont éveillés : ils sont drogués, ivres, sexuellement déjantés et ambigus.
Le casting est exceptionnel, les comédiens semblent s’amuser comme des petits fous et nous communiquent cet enthousiasme dès le début du film.
Alors d’accord, ce n’est pas un chef d’oeuvre, mais une bonne comédie originale et honnête, une parenthèse colorée qui fait du bien en ces temps de morosité absolue. Je recommande.