Il n’a pas très bonne presse, ce polar produit par Ridley Scott et réalisé par le suédois Daniel Espinosa. Pourtant, même s’il dure presque 2h20 et qu’il n’est pas exempts de petits défauts, j’ai passé un bon moment de cinéma sans m’ennuyer et c’est d’abord ce que j’espère d’un film, avant tout autre chose. « Enfant 44 » est adapté d’un roman, le premier d’une trilogie d’après ce que je comprends, que je n’ai pas encore lu. Je dis « pas encore » car il va y passer comme les autres, je le sens… Je ne peux donc pas juger de l’adaptation qui en a été faite. Cela dit, le film que j’ai vu cet après-midi tient la route. Pourtant, je craignais un peu le pire au vu des 15 premières minutes dont la narration est un peu confuse : toute la scène de Reichstag, le coup du drapeau rouge et des montres, je n’en vois pas tellement l’utilité si ce n’est de poser le héros comme un personnage quasi-historique. Mais je le répète, le début est confus, on a du mal à identifier qui est qui et où on va. Mais les choses finissent par se mettre en place et à partir de là, le scénario nous happe pour ne nous lâcher qu’à quelques minutes de la fin. Oui, le film d’Espinosa tire un peu en longueur, la fin aurait pu être écourtée. Mais entre ce début confus et cette fin un peu lénifiante, le reste est intéressant. La réalité politique et l’enquête criminelle s’entremêle pour mieux se parasiter. Si l’enquête criminelle en tant que telle n’est pas super originale ne comporte pas de rebondissements spectaculaires (l’identité du tueur étant dévoilée vers le milieu du film), le contexte politique qui l’entoure lui donne une couleur tout à fait singulière. L’URSS de 1952 est dépeinte peu ou prou pour ce qu’elle était, on le sait bien maintenant : un monde où règnent la suspicion, la délation et la paranoïa, un monde où la disgrâce peut –être aussi brutale qu’injuste, un monde où on exécute sans procès, une dictature idéologiquement surréaliste et mortifère. On pourra objecter qu’ « Enfant 44 » est un film occidental, avec une vision occidentale de l’URSS, certes… Mais je serais tentée de dire « Et alors… ? », on le sait en entrant dans la salle après tout, et on n’est pas stupide ! La reconstitution est soignée, tant au niveau des décors que des costumes. Je me suis juste posé deux petites questions sur des détails : existait-il des « filleules » dans une société sans religion et… il avait il vraiment des escalators dans le métro moscovite en 1952 ? Mais bon, ce ne sont que des petits détails. Côté acteur, Tom Hardy s’en sort de très belle manière et réussi à faire passer beaucoup d’émotions (mais pas trop) dans son interprétation et je reste fan de Noomi Rapace, même en blonde, même en femme faussement fragile ! Rien à redire non plus sur la réalisation, assez conventionnelle mais efficace de Daniel Espinosa. « Enfant 44 » à malgré tout les petits défauts du genre : je l’ai dit, un début un peu confus, une fin qui tire en longueur mais aussi une musique omniprésente, des scènes d’affrontements trop long et trop spectaculaires pour faire vrai (dont l’ultime, dans la boue, parce que tant qu’à faire…), un peu de gore là où c’est superflu, etc… Et puis il souffre aussi d’un fin bien morale, bien propre, bien sous tout rapport (mais le roman finit peut-être ainsi, je en sais pas…), un peu pathos aussi. Néanmoins, malgré tout, ces 2h20 de cinéma sont bien troussées et dépaysantes, et je n’en demandais pas tellement plus !