Vexé par Lebron James qu'il idolâtrait, un algorithme avec la tête de Don Cheadle kidnappe le basketteur et son fils dans le Serveur-verse de la Warner (un monde virtuel où le catalogue du studio est réellement un univers à part entière). Cet être informatique en manque de reconnaissance a pour dessein de se servir d'un conflit opposant le père et le fils dans le but de les obliger à participer à un match de basket à l'audience mondiale, avec Lebron James à la tête d'une équipe de Looney Tunes face à sa progéniture aux côtés d'avatars de célèbres joueurs gonflés par des capacités virtuelles hors du commun.
Sérieux concurrent au pitch le plus idiot de la décennie (le premier film avec ses aliens ridicules est battu), "Space Jam: A New Legacy" s'avère tout même bien plus regardable que le récent "Tom & Jerry", dernière tentative désespérée de ressusciter des personnages iconiques de dessins animés en les mêlant à des prises de vues réelles (je n'avais pas réussi à aller jusqu'au bout tant j'avais trouvé ça médiocre). Peut-être est-ce parce que j'ai une tendresse particulière pour le film de 1996 et surtout les Looney Tunes en général mais j'avoue ne pas avoir trouvé cette lointaine suite aussi lamentable que les critiques US le laissaient augurer.
En fait, comme beaucoup d'appendices récents nés d'oeuvres à la renommée ancienne, "Space Jam: A New Legacy" se contente simplement d'être lisse et formaté à toutes les encablures en espérant répéter le succès de son modèle. Ici, ni la relation père-fils supra-téléphonée des héros humains et ses répliques si préhistoriques en 2021 ("Ce n'est pas un coach qu'il lui faut mais un père !" haha), ni le match en lui-même forcément très/trop délirant n'auront guère d'intérêt, d'autant plus que le tout se joue dans un monde paraissant seulement servir à promouvoir le catalogue Warner... Enfin, l'utilisation de cet aspect publicitaire s'avère à double tranchant en réalité, car, en plus de donner de rapides rôles d'idiots aux responsables du studio et de faire du méchant de l'histoire une de leurs créations, ce sont surtout les spectateurs célèbres du match, des figures incontournables estampillées Warner chargées de l'énorme show de clins d'oeil au sein du film (le Pingouin peut ainsi côtoyer le Géant de Fer, Grippe-Sou le Clown, The Mask et d'autres dizaines comme ça), qui provoquent la gêne. Entre ceux, animés, que l'on surprend à se répéter en boucle et les figurants sosies/cosplay sûrement récupérés à la va-vite sur Hollywood Boulevard, on ne peut pas dire que l'effet escompté pour glorifier la Warner produise vraiment ses fruits.
Heureusement, "Space Jam: A New Legacy" peut compter sur ses vraies stars pour provoquer des sourires bien réels : les Looney Tunes ! Si la plupart en reste à des rôles secondaires à l'exception notable de Bugs Bunny, ils représentent clairement les gardiens du temple de l'humour dans le film, toujours prompts à briller par leurs loufoqueries que ce soit en s'incrustant dans les références Warner (Daffy Duck chez le Superman animé ^^) ou par leurs stratagèmes absurdes sur le terrain (mention spéciale évidente à Bip-Bip et le Coyote). Même leurs gags à la résonance disons plus "contemporaine" font parfois mouche (l'invité spécial de Sylvestre, je sais que c'est complètement débile et attendu mais ça m'a fait rire). On notera d'ailleurs que lorsque tous ces petits personnages passent de leur 2D traditionnelle à la 3D actuelle, la transformation se fait sans heurt grâce une conception respectueuse et visuellement réussie. Bref, même s'ils mériteraient sans doute d'être encore plus mis sur le devant de la scène, les Looney Tunes restent LA valeur sûre pour remonter à chaque fois le niveau de ce "Space Jam: A New Legacy".
Enfin, pour terminer, on notera que Lebron James s'en sort un (tout petit) peu mieux que Michael Jordan pour rendre un minimum crédible son propre ersatz perdu au milieu du non-sens le plus total. Cependant, si un certain coyote a la bonne idée de lui envoyer une caisse de TNT en pleine figure la prochaine fois qu'il lui prendra l'envie de faire l'acteur, ce ne sera pas un moindre mal...