Dans Barakat!, sorti en 2006, Djamila Sahraoui dressait déjà le portrait d’une femme algérienne (interprétée par Rachida Brakni). Son second long-métrage fait surtout écho à son documentaire La Moitié du ciel d’Allah. A travers des interviews, la réalisatrice dénonçait les violences faites aux femmes en Algérie, thème qu’elle aborde une nouvelle fois dans Yema.
Dans Yema, Ouardia est une paysanne algérienne qui cultive son jardin en même temps qu’elle fait le deuil de son fils. Pour créer ce personnage, Djamila Sahraoui s’est inspirée des femmes qu’elle connaissait, en particulier sa mère, et a reproduit leur façon de s’habiller, leurs gestes. La réalisatrice a en effet grandi à la campagne, en Kabylie où est situé le film.
Djamila Sahraoui s’est investie dans tous les aspects de son second long-métrage. En plus d’avoir produit et écrit le scénario de Yema, elle y tient le rôle principal. N’étant à la base pas comédienne, elle ne pensait pas jouer dans son film. Mais au moment du casting, elle a compris que si elle ne trouvait pas la bonne personne pour incarner Ouardia, c’était avant tout car elle avait écrit ce personnage pour elle. Pour ce film intimiste, la réalisatrice a décidé de ne s’entourer que de deux autres acteurs : Ali Zarif et Samir Yahia.
Djamila Sahraoui n'a pas pu tourner son film dans le petit village de Kabylie dans lequel elle a grandi. Elle a donc cherché des paysages ressemblant à ceux de son enfance. Pour la maison d'Ouardia, elle a trouvé une ferme en ruines qu'il a fallu reconstruire intégralement. Pour montrer l’évolution des saisons, le chef décorateur de Yema - qui n’est autre que le neveu de la réalisatrice - a dû planter dans le jardin des arbres à différents moments de leur croissance (d’abord nus puis pleins de fruits).