La cinéaste et scénariste Isabelle Czajka collabore avec le musicien Eric Neveux pour la troisième fois consécutive. Il avait en effet déjà composé la musique de ses deux premiers longs-métrages : L’Année suivante et d’Amour et d’eau fraîche.
Selon Isabelle Czajka, La Vie domestique est un concept bien précis : "Ce n’est pas la vie amoureuse, ce n’est pas la vie conjugale, ce n’est pas la vie familiale, c’est la vie domestique, c’est à-dire comment justement les femmes finalement endossent de façon insidieuse, sournoise, sans qu’on les y oblige forcément, toutes ces petites choses du quotidien, ces choses qui sont à faire. Les femmes deviennent alors leur propre bourreau."
Le comédien Laurent Poitrenaux, qui incarnait Bernard dans D’amour et d’eau fraîche, s’est imposé à la réalisatrice comme évidence pour le rôle de Thomas : "Laurent c’est une rencontre magique. On écrit un rôle et on voit le comédien qui le joue exactement comme on l’avait pensé. C’est ce qui s’est passé avec Laurent dans 'D’amour et d’eau fraîche'. J’avais donc envie de retravailler avec lui. Il est très élégant."
Isabelle Czajka souhaitait initialement adapter "La Promenade au phare" de Virginia Woolf, une exploration dans le quotidien d’une quadragénaire à la fois mère et épouse. Mais au même moment, la réalisatrice est tombée par hasard sur "Arlington Park" de Rachel Cusk qui a donc donné lieu au film La Vie domestique : "J’ai décidé finalement de l’adapter car il recélait tout ce que je recherchais, toutes les problématiques qui me tenaient à cœur, les infimes enjeux de la vie domestique et conjugale, postmoderne et occidentale."
Dans son premier long-métrage L’Année suivante, Isabelle Czajka observe Emmanuelle, une lycéenne dont la vie bascule suite à la mort de son père. Elle met en scène dans son deuxième film D’amour et d’eau fraîche Julie, une jeune diplômée tiraillée entre le conformisme de la société et son envie de liberté. Après avoir suivi une adolescente et une jeune femme active, Isabelle Czajka propose ici de décortiquer le quotidien d’une mère au foyer. Trois films différents aux héroïnes différentes, mais tout de même reliés par ce que l’on pourrait qualifier de continuité chronologique.
Afin d’illustrer au mieux le quotidien de ses personnages, la réalisatrice a décidé de les faire évoluer sur un seul et même jour : "Pour moi narrativement, du point de vue domestique, une journée c’était parfait". C’est un parti pris mais également un clin d’œil à Mrs Dalloway, le célèbre roman de Virginia Woolf.
Juliette (Emmanuelle Devos) est un personnage difficile à incarner car complet. C’est à la fois "une mère de famille, une amie, une amante et une femme cultivée". Il fallait donc trouver une actrice capable de jouer tous ces rôles à la fois : "Emmanuelle est sensuelle, c’est une femme qui "garde » tout, c’est-à-dire qui est capable d’incarner tous ces registres-là", confie la cinéaste.
Isabelle Czajka voulait porter à l’écran la condition d'une certaine catégorie de femmes actuelles et leur place dans la société d'aujourd'hui : "Je fais partie d’une génération de femmes à qui on a dit que tout était possible en même temps : travailler, avoir une carrière, des enfants etc. que cela ne posait pas de problème, que le monde désormais était prêt et adapté à ce schéma (…) Mais ce n’est pas tout à fait vrai. C’est beaucoup plus compliqué (…) Ce film m’a aidée d’un point de vue personnel à sortir de la vie domestique."
Autour de l’héroïne ici fédératrice gravitent des femmes différentes en bien des points. Que ce soit au niveau de l’âge, de la classe sociale, de la situation personnelle ou de la personnalité, ce groupe de femmes est à première vue assurément hétérogène. Il est pourtant soudé par la même vie domestique qui emprisonne les personnages. La situation de la femme est d’ailleurs selon la réalisatrice comparable à une classe sociale, dans la mesure où il est difficile de s’en extirper. Pour Isabelle Czajka, les femmes se retrouvent parfois sans même s’en rendre compte, piégées dans un confort matériel.