Le thème de la Palestine et d’Israël a été précédemment exploré dans la filmographie d’Eyal Sivan à travers Jaffa, la mécanique de l’orange (2009) et Route 181, fragments d’un voyage en Palestine-Israël (2004).
La sortie de ce film accompagne le livre qu’Eyal Sivan a co-écrit avec Eric Hazan, "Un état commun, entre le Jourdain et la mer" aux éditions La Fabrique. Les deux œuvres sont indépendantes l’une de l’autre, mais tout en explorant le même thème de l’état actuel de la Palestine et vers une possible évolution pour un Etat partagé.
Eyal Sivan a choisi le procédé du "split screen", consistant à séparer l’écran en deux images (ou plus), pour confronter les intervenants palestiniens et israéliens. Cela permet aux spectateurs de voir les réactions des orateurs lorsqu’ils sont confrontés et obligés de laisser la parole à leurs opposants. Ce choix judicieux est justifié par le réalisateur pour démontrer que cette mise en scène de la parole repousse la barrière linguistique et redéfinit l’idée de vérité qui l’accompagne : "L’une des choses qui m’a vraiment impressionné, c’est la qualité des échanges, non pas en raison de la sophistication des intervenants, mais de leur grande qualité d’écoute", explique Sivan.
Avec Etat commun, conversation potentielle, le réalisateur permet aux spectateurs de s’interroger sur la manière dont les gens peuvent vivre ensemble et le film devient, alors, un dispositif politique : "Le film est à l’opposé des tentatives prétentieuses menées depuis des années pour construire une sorte de relation unissant une position esthétique et une position politique sur ce qui est peut-être le fait historique le plus représenté au monde, le conflit israélo-palestinien."
Le réalisateur propose une mise en scène de la parole et de l’écoute, mettant en valeur les propos des intervenants. Tandis que l’un parle, l’autre écoute et ne doit pas interrompre le premier : "[La parole] évolue pour prendre la forme d’une proposition politique, non pas à travers le discours en soi, mais dans sa manière de se rattacher à la réalité, de penser en termes d’images."
Eyal Sivan utilise la caméra pour montrer la vérité qu’il estime juste : "Nous qui tenons la caméra (…) nous détenons la vérité et donc, ce que nous montrons est la vérité. (…) L’important n’est pas de montrer une prétendue perception de la vérité, mais d’aborder cette notion en introduisant un contre-pouvoir."