Malgré la présence de l'immense Patrick Chesnais en tête d'affiche, on se doute que la Braconne aura du mal à se faire une place dans la jungle des sorties quotidiennes, surtout en une semaine du 2 avril où les mastodontes seront légions (Johnny Halyday, Jean Reno, Keanu Reeves).
Et cela est dommage, tant « La Braconne » est joli film, modeste dans sa forme et dans son propos, mais avec un joli regard loin des clichés sur ses deux personnages principaux.
La Braconne », c'est l' histoire de deux voyous à la petite semaine, un jeune beur des cités pas vraiment bien rôdé aux régles de la débauche, et un vieux briscard des arnaques un peu blasé mais qui connait parfaitement les ficelles du métier.
Si le film est le récit de leur rencontre et leur difficile cohabitation, entre arnaque et plan galères, Samuel Rondière évite les pièces du buddy movie classique comme on a en a vu des dizaines ( des centaines même) de fois...
Il s'agit plus ici d'un passage de relais entre ce vieux braqueur fatigué, poursuivi par des mafieux pas bien sympas au sujet d'une dette difficile à rembourser, et ce jeune délinquant un peu trop immature, qui va apprendre à se canaliser, que d'un vrai récit iniatique, et le film procède par petites touches impressionnistes, de petits fragments en apparence anodines mais qui, au bout du compte reste en mémoire du spectateur .
Mais La Braconne est également et peut-être avant toute autre chose un joli film d'ambiance, puisque l'intrigue se situe dans un décor très typé, une ZAC de la banlieue tourangelle, des lieux à la fois urbains et même temps comme vidés de toute substance et présence humaine. Nos deux (anti) héros sont très souvent dans leurs bagnoles, à tel point qu'on à l'impression que Danny, le vieux de la vieille, y passe ses jours et même ses nuits.
Danny, donc c'est l'immense Patrick Chesnais qui le joue, et aussi incroyable que cela puisse paraitre, c'est une des toutes premières fois, à 65 ans passés et plus de 40 ans de carrière, qu'il joue un malfrat, lui permettant d'aborder un pan de son jeu qu'il n'avait encore jamais exploré, même s'il y met toujours autant d'humanité et de tendresse derrière son ton fatigué et son regard à la Droopy....Et dans le rôle du jeune Driss, le jeune,Rachid Youcef, un danseur de Breakdance pour la première fois à l'écran s'avère assez étonnant et tient formidablement la comparaison avec son aîné.
Toute la direction d'acteurs est d'ailleurs étonnament juste- rare pour un premier film-, ce qui montre la grande maitrise de Samuel Rondiere à tous les niveaux...
On passera donc les quelques maladresses (et les personnages féminins vraiment trop minces notamment) pour profiter pleinement des petits bonheurs que nous procure cette si savoureuse Braconne..