En protégeant un jeune attaqué par un chien policier lors des affrontements entre forces de l’ordre et jeunes du quartier des Minguettes, Toumi Djaïdja, président de l’association SOS Avenir Minguettes, s’est fait tirer dessus par le maître du canidé. C’est de cette bavure policière que l’idée de la Marche pour l’égalité et contre le racisme est née. Mais cette initiative a également été influencée par le film Gandhi de Richard Attenborough, sorti en 1983, qui retrace la vie du Mahatma et la célèbre marche du sel. Selon le metteur en scène Nabil Ben Yadir, le cinéma semblait le support adéquat pour raconter cette histoire.
Le comédien Tewfik Jallab a auditionné pour le rôle de Mohamed, précurseur de la marche, avec un pied dans le plâtre.
Réaliser un film tout en traversant la France est un exercice de haut vol. Aussi, les conditions de tournage étaient souvent difficiles, comme le précise le producteur Hugo Sélignac : "Pas de loges, il faisait très froid et les acteurs étaient à dix dans des tentes avec des petits chauffages. Si on compare leurs conditions de travail sur ce tournage avec celles qui sont la "norme" dans leur métier, on peut dire qu’elles étaient très dures. Tous les comédiens sans exception ont accepté de faire des efforts en termes de salaire. Le seul moyen de rendre hommage aux marcheurs de 1983 était d’essayer d’en faire le plus grand film possible… Or, le seul moyen d’en faire un grand film était que la totalité du budget soit dédiée à l’image, à ce que l’on voit et non à ce qui ne se voit pas : les salaires, les loges, les hôtels 4 étoiles…"
Tout comme le réalisateur Nabil Ben Yadir, le comédien Olivier Gourmet est belge. Mais plus que pour ses origines, c’est pour ses rôles dans les films de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Le Gamin au vélo, Le Silence de Lorna ou encore Le Fils) que l’acteur a été choisi. Les deux compatriotes ont également tourné ensemble dans Le Couperet de Costa-Gavras.
Avec ses cheveux blonds, ses yeux bleus et sa personnalité d’écorché vif, l’acteur Vincent Rottiers, qui incarne Sylvain, a fortement rappelé James Dean à Nabil Ben Yadir.
L’actrice Lubna Azabal (Kheira) et Nabil Ben Yadir ont grandi dans le même quartier à Bruxelles.
Jamel Debbouze, très touché par le sujet, souhaitait également réaliser un film sur la Marche pour l’égalité et contre le racisme, avant que Nabil Ben Yadir ne lui propose d’incarner Hassan.
La véritable marche de 1983 représentait environ 1 500 kilomètres. Les différents acteurs ainsi que l’équipe de tournage ont parcouru une distance plus courte, mais suffisamment importante pour qu’Olivier Gourmet se blesse gravement : "Au bout de deux semaines de tournage, alors que je pensais que plus rien ne pouvait nous arrêter, Olivier Gourmet s’est blessé : déchirement des ischio-jambiers, paralysie de la jambe gauche alors qu’il lui restait 9 semaines de marche ! Les assurances voulaient qu’on change de comédien et qu’on retourne les deux premières semaines mais Olivier a tenu à finir le film. Il a été admirable", confie le producteur Hugo Sélignac.
A travers La Marche, Nabil Ben Yadir a cherché à dresser le portrait de personnes ordinaires qui décident, du jour au lendemain, de se battre pour une cause, un peu à la manière du film Harvey Milk (2009) de Gus Van Sant, également inspiré d’une histoire vraie.
La BO de La Marche a été composée par Stephen Warbeck, Oscar de la meilleure musique pour Shakespeare in Love. Nabil Ben Yadir n’aurait jamais cru qu’un tel musicien puisse s’intéresser à son film et à y participer.
Lors de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, Nabil Ben Yadir n’avait que quatre ans. De nombreuses recherches sur l’INA ainsi que des entretiens avec les marcheurs ont donc été nécessaires pour réaliser ce film.
Un mois avant de commencer à tourner, le personnage d’Hassan n’avait toujours pas d'interprète. Le producteur Hugo Sélignac s’est adressé, au bord du désespoir, à Jamel Debbouze. Ce dernier, épuisé par la tournée de son spectacle, accepta à condition de reculer la date du tournage : "C’était absolument impossible car Nabil et moi voulions que le film sorte absolument pour les trente ans de la marche! "C’est quand la date exacte ?" m’a-t-il alors demandé. "Le 3 décembre". Il m’apprend alors que c’est le jour de l’anniversaire de son fils. Croyant énormément aux signes, je lui ai dit que j’étais né le 15 octobre, le jour où la marche a débuté et son fils, le 3 décembre, la fin de la marche. Jamel a rigolé, m’a dit oui et a changé tout son programme pour faire le film ! Sauf que voilà : je n’avais pas les moyens de payer Jamel Debbouze. Il a accepté le tarif syndical et je lui ai donné un pourcentage de ma part producteur, ce qui, je tiens à le souligner est une véritable prise de risque de sa part", avoue le producteur.
Le prêtre Christian Delorme, initiateur de la marche en 1983, a eu l’occasion avec d’anciens marcheurs de rencontrer, lors d’une scène tournée à Lyon, l’équipe du film et surtout Olivier Gourmet, son interprète : "Ce fut un moment plus que sympathique. Les jeunes acteurs, en particulier, se sont montrés sincèrement très émus de se retrouver avec celles et ceux qui ont été les héros de cette page de l’histoire de France que fut la Marche de 1983. Pour ma part, j’ai apprécié la simplicité et la joie de vivre d’Olivier Gourmet. (…) Son accent belge m’a fait gentiment sourire car je ne m’imaginais pas "parlant belge" !"
Nabil Ben Yadir a choisi de tourner La Marche en 35 mm plutôt qu’en numérique, malgré le nombre limité de pellicules disponibles. Selon lui, quand on ne peut pas se permettre de gâcher de la pellicule, les acteurs sont plus attentifs et par conséquent les prises sont meilleures.
L’acteur Nader Boussandel, ici Yazid, avait le premier rôle dans Les Barons, le premier long métrage du réalisateur Nabil Ben Yadir.
Durant la marche de 1983, le père Christian Delorme, ici Christophe Dubois, s’est vu affubler d’un sobriquet par les jeunes des Minguettes : "Comme j’avais le teint beaucoup plus clair et plus rose qu’eux, et qu’à l’époque j’étais très maigre, quand ils me voyaient arriver ils sifflotaient l’air de La Panthère Rose !"
Après avoir vu Hafsia Herzi dans La Graine et le mulet, L’Apollonide - Souvenirs de la maison close et La Source des femmes, Nabil Ben Yadir est tombé sous le charme de la comédienne et souhaitait à tout prix travailler avec elle.
Lambert Wilson, Leïla Bekhti et Ramzy Bedia ont longtemps été pressentis pour jouer dans La Marche.
Le deuxième long métrage de Nabil Ben Yadir, projeté à l’Elysée le 21 Octobre, a ému la première dame de France jusqu’aux larmes. Cette avant-première, à laquelle toute l’équipe du film était conviée, a été organisée par le président de la république en personne François Hollande, plus d’un mois avant la sortie officielle.