En 1998, Solveig Anspach, islandaise expatriée, lançait avec le fort et beau Haut les coeurs ! sa déclaration d'amour à la France. Se voulant d'un cinéma intime et engagé, elle avait pour thème de coeur la maladie et les histoires humaines rocailleuses et brutes. Dix ans plus tard, elle est revenue sur sa terre natale avec la comédie Back Soon, basée sur une idée saugrenue, où elle n'avait engagé que des acteurs islandais peu connus.
Galvanisée par la réaction positive du public face à son film tourné en roues libres, elle a décidé pour Queen of Montreuil de ramener cette énergie islandaise dans son quartier d'accueil, Montreuil, et d'inscrire le film dans une optique similaire, comme une suite possible à Back Soon. Ainsi, elle a rassemblé pour Queen of Montreuil l'actrice Florence Loiret-Caille et les acteurs islandais de son précédent film : ses deux patries sur un seul écran, dans un récit emmené par le déracinement, la communion de plusieurs destins... et les frasques d'un phoque !
Cette troisième collaboration entre la comédienne Didda Jonsdottir et Solveig Anspach a amené la réalisatrice à engager, cinq ans après Back Soon, le fils de l'actrice dans le rôle d'Úlfur, calquant la fiction sur la réalité.
Passionnée de cinéma italien, la réalisatrice Solveig Anspach a tenu avec Queen of Montreuil à rendre hommage aux films transalpins en mélangeant le rire et les larmes, la joie et la douleur, et en inscrivant son film dans une tendance plus burlesque qu'à son habitude, notamment par le biais de la présence du phoque.
Le titre fait référence à une réplique du personnage d'Anna qui explique à Agathe, comme on raconte un conte de fée pour donner une leçon de vie ou panser les blessures, qu'une femme qui réussit à surmonter la mort de son mari peut être sacrée reine...
Dans la même veine que l'oie dans Back Soon, Queen of Montreuil se distingue des autres films de Solveig Anspach avec la présence à l'écran d'un phoque, ressort comique, certes, mais aussi symbole du bagage islandais de la réalisatrice. L'histoire du film suit Agathe, qui après la mort de son mari en Asie revient en France avec l'urne funéraire, dont elle n'arrive pas à se séparer. En Islande, la croyance stipule que les phoques sont des réincarnations d'êtres humains, d'où leur regard intelligent et curieux. Là-bas, tuer un phoque équivaudrait à tuer un ancien être humain.
Les visions qu'a Agathe dans le film devaient à l'origine être filmées, mais le budget de Queen of Montreuil était si serré que l'équipe a dû se résoudre à faire des séquences animées, ajoutant au récit un ton surréaliste plutôt sympathique.
Le film de Solveig Anspach a eu son avant-première au Festival du Film Français d'Albi et au festival Paris Cinéma de 2012, et a fait l'ouverture du Festival Jean Carmet des Seconds Rôles à Moulins. Il a été nommé pour trois Amphores à la première édition du Festival International du Film Grolandais de Toulouse, et est même allé jusqu'à la Mostra de Venise, ou la réalisatrice avait été nommée par un jury de cinéastes lors d'une manifestation indépendante qui se déroulait en parallèle avec le festival, du nom de Giornate Degli Autori.