L'un des enjeux du film est d'aborder une thématique difficile, celle de la mort, son acceptation, tout en la traitant de manière positive, paisible et rayonnante, en illustrant l'idée qu'elle est plus douce lorsque la vie a été vécue dans la sérénité : "Le défi était de réussir à parler de la fin d’une vie sans qu’à aucun moment on ne soit dans la tristesse", indique la réalisatrice Anne-Marie Etienne. Par exemple, en ce qui concerne la séquence du gâteau d'anniversaire, à l'hôpital, elle raconte : "Je l’ai voulue en un seul plan et sans dialogues, comme un tableau. Il ne fallait surtout pas que ce soit larmoyant. Donc, pas de gros plan."
Sous le figuier peut être considéré comme un film choral. Il s'agit en effet de plusieurs histoires qui tournent autour de personnages sans liens familiaux mais que la vie va rapprocher, pour finalement former une "famille choisie" : "Jonathan, Nathalie et Joëlle ont tous les trois perdu de vue leurs priorités. Jonathan s’épuise entre son boulot, ses trois filles à élever, et la quête de l’âme sœur. Nathalie met toute son énergie à lutter contre un patron (...) et, après plusieurs échecs amoureux, ne veut plus prendre le risque d’aimer à nouveau. Quant à Joëlle, plutôt que de s’intéresser aux siens, elle préfère aller visiter des petits vieux dans les maisons de retraite. Aucun n’a le temps de se poser les questions essentielles : de quoi ai-je vraiment besoin ? Qu’est-ce qui est vraiment important dans ma vie ?", commente la réalisatrice au sujet de ses personnages.
Gisèle Casadesus, qui interprète Selma, la protagoniste de Sous le figuier, est parmi les doyennes du cinéma français. En effet, elle a fêté, en 2012, ses 98 ans ! Au théâtre, elle joué à la Comédie-Française à partir de 1934 ! C'est sous la direction de Marcel L'Herbier qu'elle a commencé, la même année, sa carrière au cinéma. On a pu la voir, en 2010, très touchante, dans La Tête en friche de Jean Becker avec Gérard Depardieu : "Quelle chance pour une actrice de mon âge de trouver des rôles qui lui correspondent ; pouvoir jouer encore. J’ai renoncé au théâtre - c’est devenu trop fatigant - mais pas au cinéma", révèle-t-elle.
Sous le figuier est aussi un film sur la transmission de la sagesse à la fougue de la jeunesse : "C’est Selma qui leur donne les clés. Selma leur [apprend] à se poser et à regarder", explique la cinéaste. A ce propos, Gisèle Casadesus, qui joue le rôle de Selma, ajoute : "Elle a envie de les secouer, leur faire comprendre que rien n’est jamais perdu et qu’il faut aller de l’avant. Elle veut leur communiquer son bonheur de vivre, leur faire apprécier ce qui est beau."
Gisèle Casadesus, avec le personnage de Selma, n'incarne pas seulement une vieille femme, mais avant tout une dame, avec tout ce que cela comporte d'élégance et de féminité : "il me semblait capital que le personnage de Christophe ne se comporte pas avec Selma comme avec une vieille dame. Il la complimente, s’enquiert de ses désirs, lui offre un chapeau, la prend dans ses bras. Quand nous tournions, je disais à Jonathan : « Fais comme si Selma avait trente ans… » (...) Grâce à Jonathan, un homme sera de nouveau passé dans celle de Selma. Ce n’est pas parce qu’on a 80 ans qu’on n’éprouve plus le besoin de poser sa tête sur l’épaule d’un homme", souligne Anne-Marie Etienne.
Dans Sous le figuier, on retrouve la jeune actrice belge Marie Kremer, très remarquée dans la série télévisée Un Village français, puis dans le second rôle qu'elle a tenu dans Louise Wimmer. Un jeune talent à suivre ! Par ailleurs, pour Sous le figuier, Anne-Marie Etienne a demandé à Marie Kremer, pour trouver le ton de son personnage, de ne jamais sourire, sauf à la fin.
Le tournage de Sous le figuier s'est déroulé en Belgique et au Luxembourg. La cinéaste Anne-Marie Etienne est Belge, cela impliquait donc d'une part pour elle un retour aux racines, et d'autre part une occasion de tourner dans des conditions financières plus confortables : "En Belgique, la hiérarchie dans les équipes est moins flagrante, le stress moins important. Mais la plus grande partie du film, toutes les scènes qui se déroulent dans la maison, se déroule en fait dans la Moselle Luxembourgeoise, un endroit moins convenu à l’image que la Provence mais tout aussi solaire", précise-t-elle.
Évoquant les inspirations qui traversent son film, notamment en ce qui concerne le traitement de l'émotion, Anne-Marie Etienne rend hommage au réalisateur Claude Sautet : "J’aime ce que Claude Sautet, à qui je voue un culte, appelait « l’écho d’une scène ». Un personnage vit quelque chose et la caméra en rend l’écho. Ne pas filmer juste l’émotion, mais son écho, est un de mes crédos", raconte-t-elle.
Sous le figuier a été présenté en sélection officielle du Festival Internation du Film Francophone (FIFF) de Namur, dans la section Regards du Présent.
La réalisatrice, Anne-Marie Etienne, a elle-même été actrice de théâtre dans les années 1980. De ses dires, un avantage certain pour la direction des comédiens du film, qui, par ailleurs, sont majoritairement issus des planches.