Le Pouvoir a été conçu à quatre mains - celles de Patrick Rotman, auteur/réalisateur, et Pierre Favier, journaliste et auteur d'ouvrages politiques. Les deux hommes avaient auparavant collaboré sur deux documentaires consacrés à d'autres figures de l'Etat : "Chirac" et "Lionel raconte Jospin", respectivement diffusés en 2006 et 2010 à la télévision.
Avant de s'attaquer à la réalisation du Pouvoir, Patrick Rotman avait signé le scénario de La Conquête, un film biographique présenté à Cannes qui évoquait l'ascension au pouvoir de Nicolas Sarkozy et les arcanes de l'élection présidentielle de 2007.
Le Pouvoir, long métrage cinématographique, s'accompagne d'un film qui sera diffusé sur Canal +, A l'Elysée : il s'agit d'un documentaire sur la machine élyséenne où des employés et membres du cabinet y racontent leur quotidien et leur travail.
A l'image, on retrouve Romain Winding, qui a récemment obtenu le César de la Meilleure Photo pour son travail sur Les Adieux à la reine.
Pénétrer ainsi dans les coulisses du pouvoir est une grande première pour le septième art : il y avait certes eu quelques images tournées pendant la présidence de François Mitterrand, mais presque rien sous Jacques Chirac. Les portes de l'Elysée étaient également hermétiquement fermées aux caméras pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
L'idée de faire ce film est venue à ses deux auteurs plus d'un avant l'élection présidentielle de 2012. François Hollande n'avait pas encore été désigné comme candidat principal du parti socialiste, et n'a pu que vaguement exprimer son intérêt lorsque Pierre Favier lui a expliqué son projet. Un intérêt qui s'est confirmé dans les mois qui ont suivi, et Hollande a finalement donné son accord définitif à trois semaines du vote, sous réserve qu'il soit élu.
Patrick Rotman a choisi de traiter la forme et le fond de son film de manière indépendante : en privilégiant les plans longs et les cadres fixes pour englober le décor, associés à de nombreux gros plans sur les visages des protagonistes. Comme il l'explique lui-même, le cinéaste a tenu à ce que "la mise en scène reflète ce sentiment étrange que l’on ressent à l’Elysée. Le contraste entre ce lieu qui semble immuable, hors du temps, avec ses rituels surannés, et l’intensité de ce qui se décide : l’éternel et l’immédiat, l’histoire et l’actualité."
L'utilisation de la voix off de François Hollande (extraits choisis des divers entretiens conduits avec le président de la République qui viennent se calquer sur les images du film) a pour but d'apporter un côté plus confidentiel au film et de donner l'impression au spectateur de se sentir pris à part : "Le Président vous parle dans l’oreille", explique le réalisateur.
François Hollande, dans un souci de transparence, n'a imposé ni censure, ni retouche aux monteurs du film. Bien sûr, l'équipe de tournage n'a pas eu accès aux couloirs de l'Elysée 24h/24, mais il était rare que le Président leur refuse de filmer une réunion ou un déplacement.