Johnny Hallyday avait déjà tourné sous la direction de Claude Lelouch en 1972 pour L’Aventure c’est l’Aventure où il jouait son propre rôle aux côtés de Lino Ventura et Jacques Brel. A l’origine, le rockeur n’était pas pressenti pour jouer le rôle principal de Salaud, on t'aime. Mais finalement, quand il s’est imposé à Claude Lelouch, tout est devenu évident pour le réalisateur, plus emballé que le reste de la profession : "Aucune chaîne de télévision ne voulait faire un fi lm avec Johnny et moi, aucune assurance n’a voulu nous suivre, les co-producteurs, les distributeurs, tout le monde s’est montré frileux."
Le titre originel de Salaud, on t'aime était "L’instinct de famille", en référence au roman qu’a écrit la fille aînée (Irène Jacob) du photographe Jacques Kaminsky, interprété par Johnny Hallyday. C'est après la lecture du scénario que quelqu'un lui a soufflé ce titre contradictoire, qui sera le définitif.
Avant d’être cinéaste, Claude Lelouch était lui-même photographe de guerre, tout comme le personnage central de Salaud, on t’aime. En effet, ce dernier a lâché ses études pour partir faire des reportages sur le front, comme le film "Quand le rideau se lève", tourné illégalement en URSS en 1957.
"Si je n’étais pas follement amoureux de Laeticia, elle pourrait être la femme de ma vie", a confié Johnny Hallyday, qui a immédiatement senti une évidence en tournant avec sa partenaire de jeu Sandrine Bonnaire. "Ce n’est pas un couple de cinéma. C’est un couple possible. Ils se sont aimés, tout de suite", ajoute Claude Lelouch, qui n’a pas eu de difficultés pour les faire jouer deux amants.
Sur ses quarante-quatre films, c’est la deuxième fois, après Il y a des jours... et des lunes (1990) que Claude Lelouch s’accompagne d’une femme pour l’écriture du scénario. Ici, c’est la photographe de plateau et scénariste Valérie Perrin qui a mis la main à la pâte : "Valérie Perrin est ma complémentarité. Je commence les phrases, elle les termine. Je pense, elle m’entend. Je construis, elle détruit. Et ceci est valable dans les deux sens", ajoute le cinéaste qui déclare avoir toujours voulu rendre hommage aux femmes à travers ses films.
Johnny Hallyday et Eddy Mitchell, bêtes de scène à la ville, et occasionnellement acteurs, avaient déjà partagé l’affiche dans Les Parisiennes (1962) et Cherchez l’idole (1964).
Johnny Hallyday confie s’être identifié personnellement au personnage de ce père de quatre enfants, toujours parti à droite à gauche pour les besoins de son métier : "Je n’ai pas eu quatre filles comme le personnage, mais quatre enfants qui ont été élevés par leur mère parce que je n’étais pas là… Un père absent", déclare la légende du rock français depuis plus de 50 ans.
Sandrine Bonnaire, qui tournait pour la première fois chez Claude Lelouch, n’a cessé de comparer sa méthode de travail à celle de son père de cinéma, Maurice Pialat, qui l’a dirigée dans A nos amours (1983), alors qu’elle n’avait que 16 ans. Claude Lelouch l’a contactée dans un moment de sa carrière où elle tournait en rond, et n’avait plus tellement le goût pour tourner. Sa manière de diriger les acteurs et sa place dans le cinéma français lui ont rappelé la personnalité bien à part de son mentor d’autrefois : "C’est quelqu’un de complètement marginal, de complètement libre dans tout ce qu’il fait, rien à faire de ce que les gens pensent."
La bande son de Salaud, on t’aime se dessine à travers le jazz d’Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, de la chanson "Les eaux de mars" de Georges Moustaki, ou encore des "Quatre saisons" de Vivaldi repris par les compositeurs du film, Francis Lai et Christian Gaubert.
Dans un premier temps, Claude Lelouch avait imaginé un autre duo de comédiens en vedette de son film : Alain Delon et Jacques Dutronc !