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    L'Humanité
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    3,6
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    jean-marie Mouveroux
    jean-marie Mouveroux

    24 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 1 novembre 2024
    C'est mauvais. Les scènes sont interminables. Le ton est donné dès le début: on regarde quelqu'un faire du vélo, et ça dure longtemps, longtemps... Et c'est sans rapport avec l'intrigue. Grand mot, l'intrigue, car en fait non il n'y a même pas d'intrigue. On s'ennuie, c'est tout.
    BillBoo
    BillBoo

    14 abonnés 270 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 19 août 2024
    Un grand film qui interroge ce qui fait le substrat de l'Humanité, dans son essence englobante comme dans la vertu morale qu'elle représente. Pharaon – dont le nom évoque la puissance, mais aussi la souffrance égyptienne antique – est doué d'une compassion exacerbée, christique, qui contribue à le rendre malheureux dans sa fonction de policier. On devine, ingénu qu'il est, qu'il a rejoint les rangs dans le but de "faire le Bien". Hélas, son implication bienveillante le confronte aux pires crimes de la race humaine, dont celui d'une fillette en pleine campagne, à côté de chez lui.

    Dumont porte un soin particulier aux paysages du Nord, dont il capture la beauté terne à la fois pour refléter la tristesse qui habite Pharaon que pour contraster avec la laideur des actes humains. Cette intelligence scénique se retrouve à travers des plans longs, souvent silencieux, venant renforcer les émotions ressenties par les personnages.

    La police interroge plusieurs témoins, cherche des preuves impossibles dans une ruralité vierge. Très vite, l'enquête patauge. La patience et la détermination de Pharaon ne font que prolonger sa souffrance. En intégrant les rangs de la police, douée d'une telle empathie, il est voué à absorber les souffrances des victimes et condamné à connaître le tourment des affaires irrésolues.

    Son appartenance ingénue au corps policier le pousse à servir les intérêts d'un système qu'il ne comprend pas. Voilà pourquoi il en vient à spoiler: réprimer la grève ouvrière – dans laquelle se trouve son amie – pour la seule raison que, pour lui, il est naturel de défendre le maire, car la police a coutume de défendre les plus vulnérables – qui ne sont pas les personnes qu'il croit
    . L'institution policière à laquelle il appartient pour lutter contre le Mal l'aliène et le fait martyre d'une longue vie agonique.

    La fin spoiler: nous surprend à deux titres : on ne s'attend pas à ce que l'affaire se résolve, encore moins de cette façon. En éponge sentimentale qu'il est, Pharaon apporte son soutien affectif à l'homme qu'il recherchait depuis tout ce temps – une connaissance proche. Joseph, qu'on a vu se montrer agressif, beauf et désagréable, mais aussi doux et collaboratif dans le cadre de l'enquête, pleure comme un enfant, anéanti par les horreurs qu'il a commises, qui, de facto, l'ont dépossédé de son humanité.
    Lonelily
    Lonelily

    1 abonné 24 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 8 juin 2024
    Je ne comprends pas les notes de ce film. Pourtant habituée et amatrice de films lents et contemplatifs, là j'ai trouvé ça plat, prétentieux et d'un terrible ennui. Le personnage principal est grotesque et l'acteur m'a donnée carrément envie de lui coller des baffes tant son expression figée en permanence m'insupportait. Le film se résume à des plans de ce personnage qui semble souffrir d'un retard mental, de la voisine qui copule avec son "fiancé" et voilà. Bien sûr on nous fera comprendre que les humains sont tous pourris puisque le spoiler: fiancé se révélera être l'assassin de petite fille, la voisine tente constamment de tromper son "fiancé" et l'attardé quant à lui, tripote et roule des pelles aux hommes mis en garde à vue
    . Voilà. C'est tout. Vide et vraiment intéressant, je le met sur ma liste des plus mauvais films vus.
    Norbert Sautelles
    Norbert Sautelles

    6 abonnés 542 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 mars 2024
    Que dire de ce chef d’œuvre, de ce monument ? Le meurtre d'une petite fille, un policier, un couple d'amis. Les acteurs sont des non-professionnels, avec leurs manières, leurs lenteurs, leurs hésitations. Et il y a un canevas d'enquête policière très distendue avec en arrière-plan la vie quotidienne de certains individus : l'ouvrière, son amant chauffeur de bus, le policier, la mère du policier, le chef du policier. Mais aussi les décors, les rues, la mer, qui constituent presque des personnages à part entière en étant des constitutifs impératifs de cette enquête. Le film contient beaucoup de paysages, regardés par les protagonistes, et surtout par notre policier enquêteur, amoureux caché de Séverine Caneele. C'est un autre canevas dramatique du film : Emmanuel Schotté est attiré par Séverine Caneele. Et enfin, notre policier est aussi attiré par les odeurs, par le toucher. D'où ces étonnants moments où il caresse ou sent des suspects.

    Nous comprenons pourquoi David Cronenberg et son jury ont donné les palmes d'interprétation à Emmanuel Schotté et Séverine Caneele. Ils ont beau être des acteurs amateurs, leur performance est extraordinaire.

    Les personnages marchent beaucoup chez Bruno Dumont. Ils marchent beaucoup, et ils attendent beaucoup aussi. Ils font penser à ceux de Takeshi Kitano, qui marchent aussi énormément dans ses films.

    Bruno Dumont n'hésite pas à monter des sexes, c'est à dire des scènes de sexe, mais aussi un sexe, celui de Séverine Caneele, ou d'une doublure, peu importe. Ainsi que celui de la petite fille assassinée. Mais il n'hésite pas à montrer un personnage en suspension, scrutateur de l'horizon (la suspension est une figure qui revient régulièrement dans les films de Bruno Dumont).

    Cette humanité, ces humains simples, dont les préoccupations sont peu nombreuses, travailler, se promener, attendre, sont les éléments fondamentaux du cinéma de Bruno Dumont. Il n'est pas besoin ici d'activité extraordinaire, de super-humains, de complots complexes, pour raconter une histoire, qui n'est pas simple elle, mais d'une densité étonnante grâce à ces acteurs.
    inspecteur morvandieu
    inspecteur morvandieu

    33 abonnés 2 317 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 février 2024
    On retrouve dans "L'humanité" le décor et le formalisme original, mélange de contemplation et de naturalisme, du premier et beau film de Bruno Dumont "La vie de Jésus": même ville du Nord étrangement déserte et plongée dans la torpeur estivale, même milieu social populaire personnifié par des seconds rôles très naturels; on retrouve aussi dans "L'humanité" cette lenteur du récit et du mouvement qui semble suspendre le temps, figer les personnages dans leur désoeuvrement, leur ennui ou leur douleur. La mise en scène de Dumont expose de sombres perspectives sociales et morales.
    C'est dans ces conditions qu'a lieu un sordide fait divers: le viol et le meurtre d'une fillette. L'officier de police Pharaon De Winter (!) mène l'enquête dans le ton et l'esprit du film. Qu'on ne s'attende pas à un thriller haletant...
    Avec sa mine compassée, ses gestes au ralenti et sa parole économe, De Winter (du nom d'un peintre natif de Bailleul) semble porter toute la misère du monde. C'est là, précisément, le sujet du film. Au spectacle et à l'existence pénibles de l'humanité, le personnage de Dumont offre son humanité, sa compassion pour la victime comme pour le criminel, la souffrance qu'il éprouve (comme Jésus?). Sans doute a-t-il tout compris de la condition de l'Homme.
    Si l'on fait abstraction de ce lieutenant de police atypique, pour ne pas dire irréaliste (là n'est pas la préoccupation de Dumont, mais on peut toutefois s'étonner que l'interprétation minimaliste du comédien amateur Emmanuel Schotté lui a valu le prix d'interprétation à Cannes), si l'on surmonte les longs et parfois déroutants plans fixes qui composent le récit, on ressentira pleinement la profondeur dramatique du sujet et les sentiments indicibles des personnages. Entre stylisation et prosaïsme, le cinéaste ébauche une réflexion, certes difficile d'accès, mais sensible, sur la nature humaine.
     Kurosawa
    Kurosawa

    579 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 26 avril 2022
    Après "La vie de Jésus", Bruno Dumont poursuit dans la même voie d'une description d'un environnement sordide, où il faut faire de sacrés efforts pour trouver "l'humanité" qui est pourtant le titre même du film. Il y est question d'une enquête policière autour d'un viol et meurtre d'une jeune fille, mais celle-ci est davantage inscrite comme un fil conducteur placé en arrière-plan que comme un véritable moteur : ce dont il est principalement question, c'est le mystère autour d'une relation à la fois banale et / car insondable entre trois personnages : Pharaon de Winter, flic peu respecté, souffrant sans doute d'une forme d'autisme, qui vit encore chez sa mère, est amoureux de sa voisine Domino, mais celle-ci couche avec Joseph, un chauffeur de bus ignorant un certain nombre de règles de savoir-vivre. Bruno Dumont ne prétend pas construire des rapports complexes entre ces personnages, mais orchestre toute une série de scènes dévoilant un quotidien où l'exceptionnel est banni : on y suit les personnages se balader – à pied, en voiture –, et discuter de tout et de rien sans jamais évoquer l'avenir avec sérieux. La fameuse "humanité" du titre s'incarnerait-elle dans l'idée que le visible et le tangible sont condamnés au mieux au dérisoire, au pire à l'abject, et que les traces d'amour et de tendresse seraient de l'ordre de l'indicible ? Le cinéaste nordiste semble majoritairement tendre vers cette hypothèse, mais la manière si concrète et incarnée avec laquelle il filme les visages est à elle seule une preuve de l'attachement qu'il porte à ses personnages, à leur extrême vulnérabilité. C'est grâce à cette précision de mise en scène, de montage, qu'une émotion peut advenir : il ne faut en effet pas se laisser abattre par l'apparente sécheresse formelle et par le caractère répétitif de certains plans ; il y a bien une bonté, une humanité à percer chez ces personnages. Et quand ce fameux plan mystique apparaît dans les derniers instants du film, on est pour de bon terrassé, ébloui par la croyance et l'audace d'un cinéaste déjà en pleine possession de ses moyens esthétiques.
    Jonathan M
    Jonathan M

    130 abonnés 1 528 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 février 2022
    Après Freddy, et sa vie de Jésus, voici Pharaon, le prince du nord. Première scène, il vacille dans un champ fraîchement labouré. Un détenu qui s'échappe ? Un coup de folie d'un gars pas tranquille ? Non, juste un flic qui veut respirer, après avoir vu l'innommable. Il va être spectateur de cette histoire. On a l'impression que tout lui glisse dessus. Observateur, de surcroit voyeur, un grand engourdis de la vie qui se cherche une raison d'être. Faire le bien est quasiment son seul soucis, tout le reste n'est pas de son ressort. Bruno Dumont tire une fois de plus le portrait d'un homme à l'écart, grand anxieux et au caractère ambivalent. Il tisse sa narration dans son nord natal : gris, sombre, humide. Rien de très réjouissant, et pourtant, sans avoir peur d'être cru, il réussi un film vivant.
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    102 abonnés 1 800 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 janvier 2022
    Deuxième long-métrage de Bruno Dumont, L’humanité (1999) épouse les paysages et l’atmosphère du nord de la France, dans la lignée de La vie de Jésus, sorti deux ans plus tôt. Mais contrairement à son premier film, le cinéaste présente ici un personnage principal dont l’innocence et la pureté en font une figure quasi-christique. Son nom ? Pharaon de Winter. Ses origines familiales ? Il est le petit-fils fictif d’un peintre éponyme (bien réel celui-ci) originaire de Bailleul. Sa profession ? Il est un improbable flic ingénu, bouleversé par le viol et l’assassinat sauvage d’une gamine du coin. Entre scènes de sexe crues, enquête policière tragi-comique, mise en lumière des paysages du nord superbes, piquets de grève avortés, envolées mystiques, quotidien désabusé d’habitants rongés par l’ennui, le cinéma de Bruno Dumont se déroule avec son style unique et une maîtrise impressionnante. Grand prix du jury et double prix d’interprétation féminine et masculine au Festival de Cannes en 1999.
    Ykarpathakis157
    Ykarpathakis157

    4 503 abonnés 18 103 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 16 octobre 2020
    L'Humanité dure deux heures et demie, pendant lesquelles il ne se passe pas grand-chose à un rythme d'escargot. Les personnages principaux sont dépourvus totalement de charisme ou de personnalité. Personne ne sourit du tout pendant le film (moi non plus si j'avais leur vie) et bien que Domino semble avoir un appétit sexuel sain elle ne semble pas du tout apprécier le sexe. Toute l'expérience est déprimante et pesante le réalisateur s'attardant sur chaque scène d'une manière qui m'a rendu fou plutôt que de me frapper par la beauté de sa technique. Trop de questions me restaient à l'esprit: Pourquoi renifle-t-il la tête de l'homme algérien. Pourquoi lévite-t-il. Que regarde-t-il par-dessus la clôture du lotissement. Pourquoi embrasse-t-il Joseph. Seul avantage du film il plaira sans aucun doute au fervent catholiques...
    Remi S.
    Remi S.

    19 abonnés 135 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 mars 2020
    Pharaon de Winter (Emmanuel Schotté) est un lieutenant de police, vivant encore chez sa mère au cœur d'un Bailleul tranquille et insouciant. Son quotidien se partage entre son boulot, les sorties avec sa voisine Domino (Séverine Caneele) et son copain Joseph (Philippe Tullier), le tout ponctué par ses moments de repos au sein de la campagne vibrante du nord. Le jour où le corps d'une fillette de 11 ans violée et assassinée est retrouvé, la vie de Pharaon se voie bouleversée.

    Il est difficile de parler de *L'humanité*, second long-métrage de Bruno Dumont sorti en 1999. Mais je pense fortement que le scénario du film est à l'image de la grandeur de son titre : L'Humanité ! La vie, les sentiments, les doutes, les peurs ... tant de questions aux horizons si lointaines et aux réflexions si profondes. A travers le récit du quotidien tranquille mais indéniablement bousculé de Pharaon, Bruno Dumont traite avec brio et réalisme ses questions déchirantes.

    A l'image du personnage principal de *La Vie de Jésus*, Pharaon est comme prisonnier d'un Bailleul pauvre et sans échappatoire. Ces longues contemplations de l'horizon qu'elles soient vers la mer, où vers l'étendue de la campagne, témoigne de cet amour à la fois attaché à sa région et ce sentiment de solitude et d’emprisonnement irréfutable qui asphyxie les personnages. Mais ces contemplations sont aussi indéniablement des moments de réflexion sur l'humain, et d'où traverse la question de l'horrible crime venu entacher la ville portant si tranquille.

    Phararon est un homme tranquille. Comme le Christ, il aime, pardonne, tolère, et reste calme face à toutes les situations qui s'avère souvent les plus destructrices au fond de lui. Au-delà du crime ravageur dont il est chargé de mener l'enquête, c'est sa situation de vie dont les aspects malheureux et misérables refont souvent surface : la quotidien encore chez sa mère protectrice, les frustrations amoureuses, les désillusions, la pression sociale ... Et un passé hautement sombres et durs dont certaines paroles dites toutes basses évoqueraient la mort tragique de sa femme et de sa fille. Des thématiques riches et multiples au cœur d'un long-métrage qui prend admirablement son temps.

    Mais c'est un personnage aux grandes origines que dessine Bruno Dumont. En effet, Pharaon est un des descendants du célèbre peintre du même nom : Pharaon de Winter. Ce ne serait pas un hasard d'ailleurs si Dumont aurait choisi ce personnage comme une sorte de métaphore de la vie du peintre natif de Bailleul. Au-delà des origines donc, c'est le chemin d'une vie tragiquement stoppé le jour où les deux êtres tant aimés - femme et enfant - meurent subitement en laissant un homme dérivé à lui-même, accablé par la fatalité de la vie. Mais c'est aussi une vision méticuleuse des hommes qui nous entourent et qui se retrouve au sein de l'âme de ce Pharaon devenu désormais lieutenant de police. Tout comme le peintre le faisait autrefois, Phararon capte les individus au naturel : Quelques marques au cou ou sur la main, qui de leurs supposées insignifiances, rendent étonnement unique un homme. Il est indéniable que c'est au cœur de cette démarche réaliste que Bruno Dumont s’inscrit volontairement quant à son naturalisme à la fois brutal et poétique dans *L'humanité*.

    Un film vaste et complexe donc, mais à l’expérience indéniablement forte et profonde. Bruno Dumont parle dans son oeuvre purement et simplement de l'humanité, dessiné en son sens le plus stricte. A travers ces sentiments retranchés mais hautement naturels, les vices et les horribles créations des hommes, les marques qui font d'un individu autre chose qu'une simple silhouette, ... et surtout (comme à l'habitude de chez Dumont), le nord et sa nature si tranquille. Un Bailleul pauvre et délaissé certes, mais un Bailleul d'une beauté indéniable. Filmer la vie d'un homme si tranquille mais qui est pourtant assombri par le terrible du présent et le resurgissement des horreurs du passé.
    Dex et le cinéma
    Dex et le cinéma

    680 abonnés 186 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 28 mai 2019
    Le film de Dumont est à l’image de la terre qu’il filme : fort, dure et plat. Les cadres sont majestueux, écrasants, désespérément fixes, et complètement désaturés. Les acteurs, silencieux. Le temps passe au rythme du vent. C’est absolument insupportable.

    Tout cela est revendiqué bien sûr, Dumont assume sans équivoque cette démarche exaspérante, et parvient à accoucher avec une grande maîtrise d’une sorte d’onirisme crépusculaire général assez unique, où tout n’est finalement plus que poussière : les lieux, les hommes et les âmes.

    C’est peut être la première fois que j’apprécie autant un film que je déteste.
    Anthropof
    Anthropof

    1 critique Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 23 avril 2017
    Dumont applique ici exactement les mêmes recettes que celles dont il a magnifiquement usé deux ans plus tôt dans La vie de Jésus. Donc, rien de nouveau du côté création artistique. Le problème c'est que ses personnages et son scénario sont beaucoup moins subtils et tombent dans la caricature, une caricature pénible. Ce qui rend la multitude de plans silencieux interminables difficile à digérer. Le personnage principal - un lieutenant de police complètement ahuri - n'est jamais crédible. La blonde de service au nez cassé pas beaucoup plus. La caricature qui est faite d'un commissariat de police de province est facile et sans grand intérêt. Pour gratiner le tout, les scènes de sexe, qui semblent avoir été saupoudrées de manière aléatoires tout au long du film comme on assaisonne une salade, n'apportent absolument rien et sont loin de remonter le niveau. Certains critiques expliquent que ces scènes crues montrant cadavre, épidermes et coïts procurent une dimension organique intéressante, mais pour moi, la sauce ne prend pas. Elles ne font que mettre mal à l'aise parce qu'elles ne s'articulent pas dans le fond du film, elles n'ajoute pas de "sens" et elles n'aident pas à structurer des personnages qui restent tous très superficiels.

    Reste l'esthétique d'une caméra bien maîtrisée qui sert le côté onirique de plusieurs scènes. Mais ça fait un peu léger et ça ne suffit pas pour faire de ce travail un film inoubliable, loin de là. Dommage. Mais l'erreur est humaine...
    Mirobole Pancrate
    Mirobole Pancrate

    36 abonnés 235 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 24 mars 2017
    Il y'a dans "L'Humanité" tout ce qu'on aime chez Bruno Dumont: ce génial mélange d’hyperréalisme cru et d'onirisme ambiant, une fine psychologie des personnages au delà de leurs rapports les uns aux autres, réduits à l'essentiel ou plutôt au minimum, une beauté plastique époustouflante, une atmosphère unique, une direction d'acteurs amateurs d'exception. Pas étonnant dès lors, que le long métrage ai reçu de prestigieux prix ou fasse clairement office de référence du cinéma français auprès de nombreux réalisateurs étrangers. Cependant "L'Humanité" aurait selon moi incroyablement gagné à être amputé de trois bons quarts d'heure. Le problème ne vient pas du rythme lent, qui contribue indéniablement à poser le décor ambiant du film, mais la durée même du métrage. 2H20 de rythme lent, c'est bien trop. Et même si l'intrigue, plus ténue que la ficelle d'un string, ne constitue pas l'intérêt premier du film, quelques surprises auraient été bienvenues sans pour autant dénaturer l’œuvre. En conclusion, je savais déjà que tout était bon dans le cochon et je pensais jusque là que c'était vrai aussi pour Dumont.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 1 août 2016
    Je sais pas... J'ai regardé ce film après avoir savouré la série le Pti Quinquin de Bruno Dumont
    Autant j'ai aimé cette réalisation lente et l'authenticité des personnages notamment dans le jeu, autant je n'ai pas aimé la lenteur et l'authenticité des personnages...
    Ca ne veut rien dire, mais ce film m'a embrumé l'esprit tellement il est particulier.
    L'intrigue policière dans cette France "oubliée" (qui semble par moment être un pays imaginaire, où les habitations de briques rouges abritent une espèce de peuple consanguin qui vit en retrait de la société) commence d'une manière assez violente, spoiler: en présentant le vagin d'une petite fille (on dirait l'Origine du Monde) morte dans un champ.
    .
    Les personnages sont forts, bien que souvent silencieux, mais c'est surement ce qui donne la force à ce film. Une impression de voyeurisme m'a envahi notamment lors des scènes de garde à vue mais aussi lors de la scène du bistrot avec la bande de joyeux lurons.
    C'est un film à voir quand on veut découvrir un cinéma différent, même si il est vrai certains moments sont longs.
    J'ai passé mon temps à me poser des questions pendant le film à savoir ce que le réalisateur souhaitait offrir au spectateur. Une deuxième séance s'impose ? Pas de suite
    Ce qui me parait plus sur c'est que s'il n'y avait pas eu l'Humanité, le Pti Quinquin ne serait peut être pas là aujourd'hui
    Donc Merci Mr Dumont même si...
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    394 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 avril 2016
    Tout aussi fort si ce n’est plus que "La Vie de Jésus" dans le degré naturaliste propre à Bruno Dumont, il laisse là encore plus de place à l’errance de son personnage principal, sorte de spectre du village et accessoirement lieutenant de police, une histoire qui part d’un meurtre mais nous nous rendons très vite compte que ce n’est qu’un arrière plan, le premier étant d’assister au quotidien de se social survivor des côtes nordistes. Ce qui est fascinant c’est le rapport entre l’homme et son environnement, gratter la terre, respirer l’herbe, ressentir le vent, une sensibilisation à la vie dans le sens noble du terme, Pharaon ne trouve aucune place dans l’existence et il en a conscience, et c’est ça qui est beau et qui le rend profondément attachant. Tous les rapports humains du film sont démunis, il n’en ressort qu’un quasi mutisme (les dialogues sont volontairement concis) ou une animalité sexuelle (Domino ne semble vivre que pour assouvir ses pulsions charnelles), l’austérité de la mise en scène provoque des moments de grâce absolue d’une pureté éclatante et sordide. L’évolution chez ce personnage livide relève clairement du sacré, s’ouvrir à l’humanité (d’où le titre) avec toute la bonté qui en ressort, il y a vraiment quelque chose de christique, la scène de l'interrogatoire le montre très bien où se passant de mots il prend la tête du suspect pour la coller contre la sienne, passage assez incroyable, tout comme le final qui lui fait directement écho.
    Dumont dénoue l’apaisement de l’âme et des sens, et nous spectateur si l’on y est réceptif sortons intimement bouleversé, assurément un film magnifique.
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