La Tête la première est le premier long métrage d'Amélie van Elmbt. Réalisé avec un micro-budget, la réalisatrice est tout de même parvenue à le faire projeter au Festival de Cannes, à travers la sélection de l'ACID qui aide à la diffusion du cinéma indépendant.
Le tournage de La Tête la première a dû se faire rapidement, ses deux acteurs principaux étant très occupés : David Murgia allait débuter une année de théâtre en conservatoire alors qu'Alice de Lencquesaing avait de nombreux projets en attente. Ils ont quand même réussi à bloquer trois semaines pour les besoins du film.
Durant le tournage, la réalisatrice arrivait le matin sans savoir à l'avance ce qu'elle allait filmer. Le scénario était extrêmement écrit, mais Amélie van Elmbt a fait le choix de ne pas prévoir de plans, ce qui a d'abord surpris les techniciens avec qui elle travaillait.
Dès le début du projet, Amélie van Elmbt avait très envie de travailler avec David Murgia, plutôt connu en Belgique sur les planches de théâtre. C'est lui qui a inspiré l'histoire à la réalisatrice : "Lorsque j’ai vu David, que j’ai senti son énergie, son désir de cinéma, sa fantaisie, je me suis dit tout de suite qu’il fallait absolument écrire un film pour ce garçon. S'il avait eu plus de temps, il se serait sans aucun doute investi dans l’écriture avec moi."
Trouver une Zoé à la hauteur des attentes d'Amélie van Elmbt n'a pas été chose aisée, avant que le choix d'Alice de Lencquesaing ne s'impose comme une évidence. Pour la réalisatrice, le film reposait avant tout sur l'alchimie du couple David Murgia - Alice de Lencquesaing : "J’étais persuadée que c’était elle et David ou rien. Sans David et Alice, sans cette alchimie entre eux, le film n’aurait pas fonctionné."
Le tournage de La Tête la première a été un moment délicat à passer pour l'actrice Alice de Lencquesaing, qui tenait pour la première fois le rôle principal dans un film, qui plus est tourné dans l'urgence par manque de temps et de moyens : "Nous faisions de grosses grosses journées, en extérieur la plupart du temps, c’était très physique. Il n’y a pas eu de problème, c’était très joyeux et bourré d’énergie mais ce sont des journées énormes", se souvient-elle.
La Tête la première a été tourné avec deux caméras, ce qui a permis à la cinéaste de chercher le petit détail qui l'intéressait pour avoir ensuite plus de choix au montage : "Une caméra assurait, l’autre bougeait. Il fallait régler cette chorégraphie, trouver la justesse de la scène et être certaine que toute la technique soit OK. Cinq à six prises étaient nécessaires pour que tout tombe en place", se souvient Amélie van Elmbt.
D'abord admiratrice, puis collaboratrice du cinéaste Jacques Doillon, Amélie van Elmbt tenait absolument à faire jouer ce comédien chevronné dans son premier long métrage : "Avant de le rencontrer, j’avais vu quasiment tous ses films. Une œuvre peut être très riche, mais la rencontre avec quelqu’un en qui l’on croit ouvre parfois d’autres chemins. C’est cet aspect-là de ma rencontre avec Jacques que je voulais mettre dans le film", explique-t-elle. Elle a travaillé avec lui lors du tournage du Mariage à trois (2009), notamment en réalisant le making-of.
Jacques Doillon, plus habitué à se trouver derrière la caméra, a éprouvé quelques difficultés à se détacher de son rôle de metteur en scène pour n'être "qu'un simple acteur", ce qui n'a pas facilité la tâche de sa partenaire Alice de Lencquesaing, ni de la réalisatrice : "Il n’aime pas du tout être acteur, c’est presque une souffrance pour lui. Je l’ai laissé très libre sur la manière de bouger, de faire les choses. Mais ça a été une bataille pour qu’il apprenne le texte par cœur !", explique Amélie van Elmbt.
Amélie van Elmbt a auto-financé La Tête la première devant le refus des producteurs : "Personne ne croyant au projet, je me suis dit "Tant pis, je le fais toute seule", se souvient-elle. C'est grâce à la rencontre déterminante avec le producteur Frédéric de Goldschmidt que le film a acquis une visibilité et a ensuite pu être projeté au Festival de Cannes.
Amélie van Elmbt reconnaît une part autobiographique dans son premier film, dont elle a écrit le scénario à 24 ans. Elle-même inspirée par ses lectures pour l'écriture du personnage de Zoé, la réalisatrice a accordé une grande place à la littérature dans La Tête la première : "Lorsque j’étais perdue, dans des moments difficiles, je me suis toujours raccrochée aux livres. J’avais envie que ce soit le cas pour Zoé. Dans ce moment particulier de sa vie où tout est en question, elle donne entièrement sa confiance à cet écrivain dont les écrits lui apportent du sens", confie-t-elle.