Concernant l’art de l’entourloupe, Hollywood a livré quelque chef d’œuvre dont L’arnaque de George Roy Hill, Ocean’s Eleven de Steven Soderbergh ou encore American Bluff que nous présentions l’année dernière. Bien que les deux compères soient à leur deuxième incursion dans le genre qu’ils avaient déjà survolé avec leur premier film : I Love you Phillip Morris, Diversion, le dernier film de Glenn Ficarra et John Requa tente sans succès de suivre ses illustres prédécesseurs.
Nicky Spurgeon (Will Smith) est un professionnel de l’arnaque. Jess Barrett (Margot Robbie) est une débutante. En essayant de le piéger, elle se rend ridicule. Nicky décide néanmoins de lui apprendre les ficelles du métier. Une idylle débute et brusquement, Nicky la quitte. Trois ans plus tard, il se retrouve par hasard.
Ce n’est pas que Diversion soit passer à côté de son sujet mais un bon nombre d’aspects rendent le long-métrage agaçant. Le premier, et non des moindres, est de rendre l’arnaque et son univers comme quelques choses de bling-bling. Ce qui est nécessairement à distinguer de la classe. Un bon carambouilleur, un véritable escroc est classe, mais son commerce ne l’est pas. Son commerce est dangereux, offre du challenge mais reste un métier de voyou. C’est dans son exécution que peut naître une grande élégance. On ne s’intéresse guère aux butins d’Arsène Lupin, ce qui est passionnant, c’est de connaître ses méthodes, son bagou et la finesse de son art. Ici, une très longue première partie s’applique juste à nous en jeter plein les yeux sur sa fortune sans qu’il soit question de suivre des tromperies dignes de ce nom. Les intrigues à suivre n’ont de plus, rien d’extraordinaire, Nicky faisant preuve de duplicité, certes, mais jamais de génie.
Second point exaspérant, le rôle confié à Margot Robbie n’est qu’un rôle de potiche manipulable, faire-valoir de l’acteur masculin. Effectivement, Jess a perpétuellement un train de retard sur les événements. Pire, elle n’agit que par sensiblerie. Comme si les scénaristes de Diversion ne pouvaient envisager une femme, de surcroît blonde, comme un partenaire doué de la moindre intelligence. Cette approche rend le personnage de Jess simplement insupportable. On le dirait tout droit sorti d’une comédie potache pour adolescent, une sorte de second rôle sorti des entrailles de Scarie Movie, parodie de Scream dont on apprécie pourtant l’humour décalé. Potiche anencéphale, Jess n’apporte rien à l’intrigue. Dommage, une vraie confrontation entre les deux rivaux amoureux aurait pu apporter du sel à un scénario doucereux et déjà-vu. Le twist final est aussi conventionnel que le reste et n’arrive guère à sauver le film qui n’échappant, ni au cliché du mentor antipathique ni à celui de la bimbo écervelée, peine à convaincre.
Romance du pauvre, sans la moindre émotion, thriller ennuyant sans suspense, film d’arnaque sans bravoure, Diversion n’arrivera qu’à nous détourner des salles obscures.
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