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    The Lebanese Rocket Society
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "The Lebanese Rocket Society" et de son tournage !

    Genèse d'un documentaire

    L'histoire de The Libanese Rocket Society est restée enfouie sous les gravats de l'après Guerre Froide un long moment, jusqu'à ce qu'il resurgisse grâce à Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, à partir d'une simple image sur un timbre poste et de quelques lignes dans un livre. Le Liban aurait-il réellement participé à la conquête spatiale, en pleine folie de l'espace entre les Etats-Unis et l'URSS ? Les deux investigateurs n'ont retrouvé que très peu d'images à l'université Haigazian, où le projet avait originellement pris forme, et ont dû se rendre chez Manoug Manougian, le professeur de mathématiques à l'origine de ce projet révolutionnaire, pour lui expliquer leur envie de tourner un film sur la création de la fusée, quitte à pallier le manque d'images par l'animation. C'est lorsque ce dernier leur a ouvert ses archives qu'ils ont compris qu'ils avaient là tous les outils nécessaires pour donner matière à leur documentaire.

    Un tournage en deux temps

    Un des aspects intéressants du film est qu'il ne s'inscrit pas uniquement dans une optique de documentaire, mais essaie un maximum de retranscrire l'urgence et la passion qui ont porté la construction de la fusée, comme de souligner la véracité d'une telle aventure au travers de témoignages et de paroles recueillis. La manière de filmer a évolué à mesure que le tournage avançait : avant que Manoug Manougian ne leur propose ses archives, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige avaient décidé de jouer la carte de la mélancolie, en travaillant sur la durée, l‘absence et l‘évocation... puis avec un tel support d'images, ils ont enfin pu jouer le jeu de l'histoire, et appuyer le côté "conquête" de l'évènement pour insuffler de l'action à leur récit.

    Art et cinéma

    Les deux cinéastes cumulent leur passion du cinéma avec leur métier de plasticien, et ont toujours essayé de créer des liens entre ces deux activités. C'est dans cette optique que leur est venue l'idée de reconstruire et d'exposer un modèle de fusée, un monument à la science dans un pays où les gens ne se rassemblent pas autour d'une histoire collective. Comme souvent dans leurs films (et particulièrement dans Je veux voir, avec Catherine Deneuve), ils se posent la question de la portée et des limites du cinéma. Cette fois-ci, leur réponse a été de repenser le projet interrompu en fabriquant une reproduction de la fusée, et de l’inscrire dans la mémoire individuelle des Libanais.

    Devoir de mémoire

    L'usage de la voix off a servi aux réalisateurs à insister sur l'aspect subjectif de leur enquête, expliquant qu'ils étaient nés bien plus tard, et que leur retranscription se basait principalement sur leur ressenti personnel, ainsi que sur leur questionnement et leurs pensées. Ils ont avant tout cherché à rendre hommage au travail accompli par Manougian et son groupe de scientifiques, et à assurer la transmission de leur histoire au peuple d'aujourd'hui. C'est pourquoi la seconde partie du film est en partie consacrée à l'élaboration d'une sculpture représentant la fusée Cedar IV.

    Animation utopique

    La troisième et dernière partie du film imagine un futur où le projet spatial de Manougian ne se serait pas interrompu, et pour ce fait, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ont fait appel aux talents de Ghassan Halwani, animateur à l'artisanale, et ensemble, ils ont imaginé 2025 comme s'ils étaient encore en 1960 : "Il y a peu de science-fiction dans le monde arabe, plus précisément peu d’anticipation, de projection dans le futur ou d’uchronie. Dans ce fantasme qu’est le film d’animation, la science a remplacé le politique. La guerre n’a pas eu lieu. (...) Il y a beaucoup de second degré et cela ne concerne pas que le Liban. On joue avec la fierté nationale pour renvoyer dos à dos les slogans et les leaders qui tentent continuellement de nous manipuler avec ces termes-là."

    Air d'exil

    Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, tous deux enfants d'émigrés (l'une a des origines grecques, l'autre est en partie palestinien) ont été très sensibles à l'initiative portée par Manoug Manougian, originaire de Jérusalem, et par ses étudiants qui venaient d'un peu partout, de Syrie comme d'Irak… enfants d'orphelins, bien souvent. Créer une fusée, la première de la région, et l'offrir au Liban, s'apparentait à un beau geste de gratitude de leur part, un cadeau à leur terre d’accueil. A leur tour, les réalisateurs ont voulu sculpter une fusée pour rappeler cette histoire de déplacements, d’exil et de gratitude.

    Révolution arabe

    Le tournage du film, entre la fin 2010 et le début 2011, sur ce groupe de personnes qui cultivait le fantasme d'un autre monde, s'est terminé juste avant que le monde arabe se soulève un peu partout, en Tunisie, en Egypte, en Lybie ... Une synchronicité bienvenue et pleine d'espoir.

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