Mes chers lecteurs, j’ai une question pour vous : avez-vous en tête le son que produit une clarinette ? Si ce n’est pas le cas, je vous invite de ce pas à vous rendre sur le net afin de rechercher le son mélodieux de cet instrument. Non pas que je n’ai quoi que ce soit contre celui-ci, mais – je pense que vous en conviendrez tous – ce son est désormais vraiment devenu typique d’un certain type de film ; ceux qui se veulent incroyablement niais, tire-larmes et qui ne semblent guère connaître la notion de « too-much »… Pourquoi je vous parle de ça me diriez-vous ? Eh bien justement parce que ce « Nouveau stagiaire » est un film dont la bande-originale contient de la clarinette – pas mal même – le tout souvent en accord avec autres pianos et moult violons. Et franchement, pour moi, ce n’est pas un détail que de dire cela. La musique illustre finalement tout l’état d’esprit du film. Hors de question de prendre des gants, encore moins l’envie de prendre des risques. Non, « le nouveau stagiaire » a été formaté pour être un bon produit d’usine qui rentre bien dans les clous de la romance commerciale à l’Américaine. Mais attention, je ne parle même pas de ces romances qui peuvent être sympas comme « Quand Harry rencontre Sally ». Non, je parle de ces gros bousins commerciaux qui nous sortent des stéréotypes à tour de bras, où tout le monde est beau, souriant, heureux, content de vivre le rêve américain. Jamais un grain de sable dans la machine, et quand il y en a un, c’est pour rappeler la beauté des fondamentaux de cette belle société du « God Bless America ». Alors OK, peut-être trouvez-vous que je vais trop loin. Après tout, une bonne niaiserie, de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Soit. Mais bon. Peut-être que certains savent s’y retrouver, mais moi par contre, je dois bien reconnaitre que ce genre de film, c’est presque de la violence permanente. Déjà, faire ça à Robert de Niro, c’est tout simplement un crime. Le transformer en vieux papy Marty-Sue pour guider une Anne Hathaway absolument horripilante (mais arrête de sourire pour tout et pour rien ça m'énerve ! ) c’est juste une torture. Quant au reste du casting, on le croirait tout droit sortie d’un film Disney. Tout ça au service de quoi ? Si je voulais être amer jusqu’au bout, je dirais que c’est surtout au service d’Apple, d’Audi, de Pringles, de Netflix et de Stella Artois qui ont bien su placer leurs produits dans cette gigantesque vitrine du rêve américain. Mais par souci de vous épargner une trop forte dose de cynisme, je vous dirais que c’est simplement pour nous ressortir un simple portrait de cette génération Y qui est toute gentille, mais qui a perdu de vue les bienfaits du mode de vie de ses – eux aussi très gentils – prédécesseurs. Qu’il est bon de se rappeler la simplicité des contacts humains, des paroles échangées et des vieilles histoires de papy. Alors, je ne dis pas : ça aurait pu être sympa. Mais au final, on n’a droit qu’à une simple intrigue formatée, cousue autour d’idées pas très fraîches de scénaristes de télé-novela (Oups ! J’ai envoyé un mail à ma mère par erreur ! Mais ouf, c’est vite réparé… Hihihi ! Oups aussi, mon mari couche avec la voisine. Mais – roooh – une scène de regrets et de pleurs et c’est réglé ! Tout est si beau dans ce monde parfait où les vraies choses de la vie n’existent pas.) Non franchement, le grand Bob méritait mieux. Anne Hattaway aussi. Mais que voulez-vous. Avec ce film, l’originalité et – pire – la sincérité – n’étaient vraisemblablement pas invités. Dommage. Esprit commercial quand tu nous tiens…