Quand j’ai vu l’affiche je me suis dit que ce film n’allait pas m’emballer. J’y devinais une comédie franchouillarde réalisée par un mec qui allait utiliser un quartier comme toile de fond pour sortir une histoire sans intérêt et bourrés de stéréotypes. Un film balisé, monté sur mesure pour faire des entrées mais avec un intérêt moindre. J’avais tort. Ayant passé mon enfance dans les cités parisiennes, j'avais peur de retrouver tous les clichés que l'on voit régulièrement dans le cinéma français dès lors qu'on filme la "banlieue" et ses habitants : la soi-disant galère, la drogue dans chaque cage d'escalier, la mort qui frappe chaque nuit, les flics pourris et les pseudo gangsters plein d'honneur, les plans foireux,....Mais rien de tout cela n'est proposé dans ce film. Il y a des gangs, bien sûr et un peu de bagarres mais c'est plutôt réaliste. En réalité, l'ambition du projet n'était pas ce à quoi je m'attendais. Elle était tout autre, bien plus grande et forcément bien plus intéressante. Julien Abraham et son équipe nous donnent à voir la vie d'un quartier de Pierrefittes d’une manière inédite dans le cinéma français. S'inspirant de films comme Boy'z in the Hood, la Haine ou encore La cité de Dieu pour le point de vue enfantin, il ajoute à sa peinture sociale, quelque chose qui manquait à ces oeuvres : l'optimisme. Un optimisme qui s'incarne dans un petit bonhomme d'une dizaine d'années absolument adorable, partagé entre son cousin plus âgé, en quête de reconnaissance dans son quartier et son grand frère qui se prépare à une carrière d’avocat. C’est au travers de ses yeux que l’on découvre son quartier, son école, sa famille ainsi que les ambitions plus ou moins honnêtes qui animent les habitants… La vraie réussite de J. Abraham est d’avoir réussi à poser un regard très juste sur les rapports entre les individus : les petits et les grands du quartier, les relations amoureuses pas toujours évidentes et souvent très amusantes, le lien entre la mère et ses enfants, le respect du père…Les dialogues, les regards, les gestes, tout sonnent très justes. Il faut dire que toute l'équipe a grandi dans des cités et que de nombreux acteurs sont des habitants de Pierrefittes. En plus de la justesse, se dégage un incroyable bouillonnement de vie. Les héros de La cité rose sont plein d'énergie et d'enthousiasme, Abraham ne perd pas de temps à les filmer en train de se regarder le nombril, ils sont en quête : l'amour, l'argent, la réussite professionnelle, tous rêvent de quelque chose et font des pieds et des mains pour l'obtenir. Le résultat : on ne s’ennuie jamais, et c’est très drôle. J'ai ri tout le long du film. Ce n’est pas non plus que drôle. Les influences du film sont claires et le réalisateur s'inscrit dans la tradition et l'esthétique du film de banlieues, mais se détache de ses modèles en donnant à son histoire quelque chose de lumineux que n’avaient pas forcément ces autres films. On en ressort avec le sourire jusqu'aux oreilles. C’est un excellent film servi par des acteurs débutants de talent et un de mes coups de cœur de l’année 2013.