Plus que l'évolution de la société, Olivier Peyon a souhaité, à travers son film, parler de l'être humain : "Je me suis enfin rendu compte qu’en 40 ans, les mathématiques avaient véritablement bouleversé notre société pour créer un monde où tout allait plus vite, où tout était tourné vers l’efficacité, la rentabilité, un monde où la place de l’humain était de plus en plus remise en question. Bref je me suis rendu compte que parler des maths, c’était parler de nos contradictions, de nos paradoxes, c’était tout simplement parler de nous", explique le réalisateur.
Quand Olivier Peyon a rencontré Cédric Villani, celui-ci était encore inconnu du grand public. En effet, le réalisateur a sollicité le mathématicien quelques mois avant qu’il ne décroche la prestigieuse Médaille de Fields, considérée comme le Prix Nobel de Mathématiques, pour ses travaux sur "l'amortissement de Landau" et l'équation de Boltzmann, physicien et mathématicien autrichien de la fin du 19ème siècle.
Pour réaliser son documentaire, Olivier Peyon a sillonné le monde à la recherche des meilleurs interlocuteurs possibles. En résulte un casting de choix avec des mathématiciens travaillant en France, en Allemagne, en Inde mais surtout aux Etats-Unis dans les renommées universités de Berkeley, Stanford ou Columbia : "Il fallait qu’ils aient l’envergure de personnages de cinéma, c’est-à-dire qu’ils soient amples, qu’ils nous touchent, qu’ils nous proposent un ailleurs, et il fallait aussi qu’ils aient un regard, une capacité d’analyse qui puissent nourrir et faire avancer le sujet. Il fallait qu’ils soient « la forme et le fond »", raconte Peyon.
Comment j'ai détesté les Maths est le premier documentaire pour le cinéma d'Olivier Peyon et ce n'est que son deuxième film. Son premier film de fiction, Les Petites Vacances avec Claude Brasseur, est sorti en 2007. Le réalisateur français a longtemps travaillé comme traducteur, sur plus de 150 films dont ceux des Frères Coen ou de Danny Boyle. C'est Elisabeth Badinter qui lui a donné sa chance dans le documentaire en acceptant qu'il réalise son portrait en 2009.
Jim Simons n’est pas qu’un simple mathématicien. Qualifié par le Wall Street Journal de meilleur trader du monde, ce dernier a été entendu par le Sénat des Etats-Unis dans le cadre de l’enquête concernant la crise des subprimes, en sa qualité de directeur d’Hedge Fund. A 75 ans, Jim Simons est à la tête d'une fortune estimée à 15 milliards de dollars.
Pour Olivier Peyon, ce documentaire s’est présenté comme une vaste équation qu’il s’agissait de résoudre le plus clairement possible afin d’offrir un contenu digeste aux spectateurs : "J’ai travaillé plus de 3 ans sur ce projet. Il fallait ce temps pour arriver à cerner le sujet et ses implications, pour connaître ce monde en profondeur. Il fallait ce temps pour chercher, creuser, prendre des chemins de traverse, se perdre et découvrir des choses qu’il m’aurait été impossible de découvrir autrement (…) Beaucoup de mathématiciens m’ont d’ailleurs dit que le film avançait comme une démonstration mathématique", relève le réalisateur.