Bon, clairement le meilleur Deville que je vois depuis que je me suis lancé dans sa filmographie. Un métrage intéressant pour son approche réaliste et pour son rythme efficace, mais vraiment, il est triste de voir en fin de parcours un réalisateur qui peine toujours à s’entourer de vrais pros !
J’ai été en effet très choqué de découvrir une des bande son les plus affreuses du cinéma français par exemple ! La « musique » c’est une espèce de cymbale qui s’agite de temps en temps, comme pour donner un côté dramatique, ou sonner le gong, je ne sais pas, mais c’est d’une nullité affligeante ! C’est réellement triste d’entendre quelque chose d’aussi nulle. De la même façon, faudrait aussi vraiment que Deville se force en termes de photographie et de décors ! Ce film fait vraiment dix ans de plus que son âge réel, avec une image vieillotte, que n’arrange sans doute pas le parti-pris cru et authentique, bien grisâtre, qui rappellera d’ailleurs typiquement les films réalistes des années 80.
Autant le dire, le film est donc assez vilain sur la forme, mais, il ne serait dommage de ne s’arrêter qu’à cela, surtout (et presque uniquement en fait !) si l’on aime les films « vrais », ancrés dans le quotidien. C’est vraiment ce qu’est La Maladie de Sachs, donc les amateurs de films plus oniriques voire franchement imaginaires, passé votre chemin ! Si d’habitude Deville fait du contreplaqué de la vérité, ici il signe un métrage qui sonne juste, à la fois dans les situations, les dialogues, les attitudes. Chacun pourra se reconnaitre dans ce film, un film qui a la bonne idée de naviguer régulièrement entre le drame et l’humour, pour donner un résultat digeste, surtout que le rythme est vraiment bon. Ça avance bien, la narration est fluide, comme quoi, lorsque Deville sort du huis clos ça peut donner de bonnes choses ! En tout cas je ne me suis jamais ennuyé, et c’est un très bon point car généralement le cinéma réaliste se veut systématiquement mou du genou.
Les acteurs composent l’autre gros bon point du film. Dupontel est très juste dans son rôle, simple, sobre, efficace, c’est carré et sans aspérité. Il est aussi très bien entouré par des seconds rôles à la hauteur, une grande galerie de personnages hauts en couleurs solidement campés par des interprètes pourtant peu connus, mais qui jouent juste et bien. C’est tout à fait ce que l’on pouvait espérer dans ce film, sachant que les rôles sonnent réellement authentiques, et c’est très bon.
Finalement, vous l’aurez compris, La Maladie de Sachs vaut surtout pour son fond, et je pense que ce métrage révèle assez ce que Deville cherche à atteindre dans son cinéma en général. Il n’y arrive pas toujours mais ici si, dommage tout de même que la musique soit aussi détestable, et l’image aussi vieillotte, c’est assez rebutant, alors même que c’est le plus intelligent des Deville que je vois jusqu’à maintenant. 3.5