Ce film est magnifique... Pour ceux qui disent qu'on va dans le pathos, je ne suis mais alors pas du tout d'accord! On va dans tout sauf le pathos. Si vous voulez voir du pathos avec la musique qui nous dit quand pleurer, etc, allez voir "La Rafle", pas ce petit bijou!
Tout d'abord, on est plongés dans un univers où l'authenticité nous force à y croire : les habits, les coiffures, les meubles, l'ambiance, TOUT retranscrit parfaitement bien l'époque, et pas n'importe laquelle et surtout pas n'importe où : la Libération (pour nous) mais qui se passe en Allemagne.
On suit Lore, cette jeune fille, dans sa quête pour survivre mais aussi, dans sa quête du savoir, qui va apprendre ce que faisait son père et va se détacher peu à peu des idéaux nazis qui faisaient une partie de ce qu'elle était et qui symbolise aussi le détachement de la mère (symbolisé lui-même par la destruction du cerf en porcelaine par Lore à la fin). A cela s'ajoute l'adolescence et, par la rencontre avec Thomas, Lore va faire la connaissance du désir (avec certaines scènes qui, malgré aucune nudité, et aucune démonstration, font parfaitement bien naître une ambiance érotique), ce qui va encore plus la troubler et va faire qu'une relation "amour-haine" s'installe entre les deux.
Le film joue donc beaucoup sur les sentiments (là où la musique magnifique de Max Richter va prendre son importance), la nature, les paysages, tout est très métaphorique dans ce film, on en oublierait presque le contexte historique, et là est la force du film : il nous fait oublier ce qui se passe, la fin de la guerre, la misère pour les Allemands (les viols massifs commis par l'Armée Rouge, les familles démunis...), tant nous sommes à l'intérieur de Lore.
Je pense que pour comprendre véritablement le film, de A à Z, il faudrait tout revoir, scènes par scènes, plusieurs fois, tant ce film joue dans l'interprétation du spectateur, dépend et vit à travers lui.