Tout cinéphile averti s'attendra à un Larry Flynt au rabais, version UK. Si Coogan n'a pas le charisme de Woody Harrelson, il a l'avantage ne pas se poser en héros auquel s'identifier. Dès le début, son égocentrisme un peu idiot met une barrière, d'où nous verrons passer une jolie galerie de personnages. Le professionnalisme anglais huile parfaitement les rouages du scénario, des décors cohérents jusqu'aux seconds rôles crédibles. Contrairement à Larry F. ce film ne nous laisse pas avec le fantasme d'un monde libéré sexuellement, pétri d'amour provocateur et d'humour tendre, en lutte contre tous les esprits étriqués formant le nouveau fascisme... Heureusement, car ça ne tient pas la route très longtemps, passé le charme de la propagande... Ici, une bande de malins se fait un fric fou, en étant les premiers à faire fructifier l'argent de l'érotisme porno médiatique naissant. Si cela n'avait pas été eux, cela aurait été d'autres, why not? Au milieu la fille de notre "héros"gentil foufou, pourrie gâtée mais sensible à fleur de peau, leur rappelle qu'ils ne sont que des profiteurs talentueux, et là où leur reste, par défaut et illusion, l'immense nostalgie d'une époque bénie, le film nous dévoile, subrepticement, par infusion, comme un bon thé anglais, une autre nostalgie, plus âpre, du temps qui passe, si cruellement que c'est sans regrets. Winterbottom, pas Kubrick, mais toujours un bon cinéaste, comme S. Frears. Ah ! Cette Angleterre que tous les L. Besson n'atteindront jamais, même en ouvrant des portes à Hollywood. Et Coogan qui nous offre une imitation jubilatoire de M. Brando dans Dernier tango à Paris; cette petite scène justifie à elle seule le déplacement. Ouais! A vous de jouer les gars !