Si Pia Marais était bel et bien retournée en Afrique du sud pour y tourner un film, elle prévoyait à l'origine de réaliser un documentaire ou un film autour d'un groupe de personnages atypiques, tirant sur l'humour noir. C'est en découvrant l'atmosphère générale qui régnait dans le pays qu'elle se décida plutôt pour un film sobre, réaliste et poignant, traitant d'un sujet d'actualité.
Les films sur l'Afrique du sud insistent beaucoup depuis quelques temps sur les problèmes de sécurité et sur la tension permanente dans laquelle vivent les populations aisées du pays. Quand il n'est pas question de l'apartheid et de Mandela, des long-métrages comme Zulu (2013), de Jérôme Salle, questionnent la paranoïa omniprésente dans le pays. C'est ce sur quoi revient Pia Marais, qui, à son retour d'Allemagne, fut grandement marquée par cet aspect des choses. C'est ce qui l'a poussée à écrire un film dont le personnage principal travaillait dans une de ces entreprises spécialisées dans la protection et la sécurité.
La réalisatrice raconte, pour illustrer son propos sur la tension ressentie en Afrique du sud, qu'une nuit, alors qu'elle était en voiture, s'étant arrêtée pour faire le plein, elle remarqua que l'employé de la station avait un couteau dans la main, mais simplement dans un souci de protection personnelle et non pour menacer les voyageurs.
La société de détection de mensonge dans laquelle travaille Layla dans le film est un service que beaucoup d'entreprises proposent réellement en Afrique du sud. Certains font même passer des tests aux postulants, afin de garantir à leur clientèle l'honnêteté de leurs employés. L'utilisation de détecteur de mensonge est ainsi courante dans des sociétés de toute sorte alors même que sa fiabilité est encore vivement critiquée.
Horst Markgraf, le scénariste de Layla, travaille avec la cinéaste Pia Marais depuis le premier long-métrage que celle-ci réalisa, Trop libre (2007). Il signa également avec elle le scénario de son deuxième film, A l'âge d'Ellen (2010).
Layla est un film sud-africain, certes, sur l'Afrique du sud et réalisé par une femme d'origine sud-africaine, mais pas que ! Il s'agit surtout d'une réalisation internationale, la cinéaste étant à moitié suédoise et le film financé par l'Allemagne, la France et les Pays-Bas en plus de l'Afrique du sud où se déroule le tournage. De plus, le scénariste et l'un des acteurs principaux sont Allemands alors que le rôle-titre est de nationalité anglaise. Par ailleurs, c'est le premier film que Marais tourne en anglais, ces oeuvres précédentes utilisant la belle langue de Goethe (l'allemand).
Alors que le film fut largement applaudi à la Berlinale 2013 et qu'il fut nominé à pas moins de huit prix du festival, la réalisatrice avoua lors d'une interview pour FilmdeCulte que le film n'avait été véritablement terminé que quelques jours avant la première projection officielle pour le festival.