Des gens qui s'embrassent est une histoire de famille, et plus précisément un film sur les chocs culturels au sein d'une même famille, faisant la part belle à la confrontation des modes de vie de chacun : "Le point de départ, c’est le constat qu’il y a des manières différentes de vivre à Saint-Tropez. Ce ravissant village où nous passons la plus grande partie de l’année est un endroit très étrange parce qu’il y a vraiment plusieurs univers selon son âge, selon ses moyens, selon ses envies. D’un côté, on trouve les adeptes d’une vie bruyante, rythmée par la fête et qui aiment la foule du port. Et de l’autre, ceux qui, comme nous aujourd’hui, dans le silence des pinèdes, ne recherchent que les coins tranquilles et son atmosphère de vieille forteresse provençale avec ses concerts classiques", raconte la réalisatrice Danièle Thompson.
Si l'on excepte Décalage horaire, la réalisatrice Danièle Thompson est une abonnée du film choral. En effet, Des gens qui s'embrassent, cinquième film de la cinéaste, est son quatrième film choral, après La Bûche, Fauteuils d'orchestre et Le Code A Changé. Le terme de "film choral" fait référence à un genre cinématographique qui s'articule autour des destins croisés d'un certain nombre de personnages.
Le personnage du père de famille est interprété par le violoniste virtuose israélien Ivry Gitlis, âgé de 90 ans. Bien qu'ayant fait des apparitions au cinéma, notamment chez François Truffaut, il joue dans Des gens qui s'embrassent son premier vrai rôle.
Dans le film, Kad Merad et Eric Elmosnino interprètent deux frères entre lesquels les relations sont quelque peu houleuses. La cinéaste a choisi de faire reposer cette tension avant tout sur les dialogues, et de les faire s'affronter sur le mode de la joute verbale : "J’ai simplement eu envie et besoin que ces deux frères s’affrontent ; que ça vire au rouge chaque fois qu’ils se parlent", commente Danièle Thompson.
L'actrice italienne Monica Bellucci met en parallèle le cinéma de Danièle Thompson, à savoir sa manière de mêler la comédie à la tragédie, avec certains aspects du cinéma italien : "Dino Risi avait cette capacité à mixer le burlesque et le dramatique. Chez Danièle Thompson, ce qui se joue en surface peut être joyeux, mais ça peut cacher un malaise profond", commente-t-elle.
La famille dont les déboires sont contés dans Des gens qui s'embrassent est une famille juive ashkénaze (Juifs originaires d'Europe centrale), avec ce que cela implique d'auto-dérision et d'humour bien senti : "Si la majorité des gens en France ne fait sans doute pas la différence, l’humour sépharade et l’humour ashkénaze sont cousins mais pas jumeaux ! Les nuances sont importantes", précise la réalisatrice à ce sujet.
Qui dit film choral dit flopée d'acteurs. Pour évoquer leur travail et l'atmosphère sur le tournage, les comédiens parlent de "bande" (Kad Merad, Valérie Bonneton) ou de "troupe" (Clara Ponsot). Lors du tournage à Saint-Tropez notamment, ils se sont tous retrouvés dans le même hôtel, afin de conserver au maximum l'esprit de groupe.
Plusieurs personnages du film sont des musiciens, et les acteurs ont en partie dû apprendre à jouer d'un instrument : en effet, si Ivry Gitlis est déjà un violoniste professionnel, Eric Elmosnino a dû apprendre le violon, et Valérie Bonneton et Lou de Laâge le violoncelle. Quant à Kad Merad, il lui a fallu prendre des cours pour se perfectionner au chant.
Dans le film, Valérie Bonneton interprète deux rôles distincts, deux femmes très opposées : "La première est une femme très religieuse, qui cache ses cheveux sous un foulard. La seconde est, au contraire, tout en signes extérieurs", indique-t-elle.
L'action du film se déroule dans plusieurs lieux différents : l'équipe de Des gens qui s'embrassent a ainsi voyagé entre New-York, Londres, Paris et Saint-Tropez.
Dans Des gens qui s'embrassent se côtoient de jeunes talents qui, bien qu'ayant déjà joué des petits rôles, en sont encore à leurs premiers pas en tant qu'acteurs de cinéma : Lou de Laâge, également à l'affiche de Jappeloup ; Clara Ponsot, qui a tourné en 2012 sous la direction de Virginie Despentes ; et Max Boublil, connu pour ses chansons humoristiques et qui a récemment donné la réplique à Alain Chabat dans Les Gamins. Des carrières à suivre...
C'est d'abord Roman Polanski qui a été pressenti pour interpréter le rôle d'Aron, le père de famille, qui est finalement tenu par le violoniste Ivry Gitlis. C'est par ailleurs Albert Koski, producteur du film et mari de la réalisatrice Danièle Thompson, qui a pensé à lui alors qu'ils s'étaient retrouvés par hasard lors d'une projection.