Un film frustrant, le cul posé entre deux chaises au point de finir par tomber par déséquilibre. Simon West a souhaité faire un pseudo thriller dramatique avec de la baston (un peu de fan service quand même) mais surtout de la personnalité et de l'originalité. Si par moment son Joker parvient à séduire, ses nombreux défauts finissent par le mettre en péril. D’abord parce qu’il ne raconte rien, qu’il souffre d’une terrible absence d’enjeux et les rares sur lesquels il s’appuie, Joker les survole au lieu de les prendre à bras le corps. On se retrouve face à un assemblage maladroit de micro-histoires parallèles, comme un résumé de ce qui aurait presque pu être une série télé sur un privé faisant dans la protection rapproché dans l’iconoclaste Vegas. Car c’est de cela qu’il s’agit. Vegas, son univers aux allures de prison que l’on ne peut quitter, sa mystérieuse attraction impitoyable et indécrottable, ses histoires de coulisses, sa violence, son addiction, le jeu, l’alcool, sa mafia, ses prostitués, son ancrage hors du temps, ses clients très variés, les rêves que la ville nourrit et les déceptions qu’elle produit… Dans le fond, Joker avait un sérieux potentiel. Sur la forme, le film de West souffre d’un scénario superficiel, bancal, aux carences notables question finitions. Personnages peu ou pas approfondis, situations mal présentées, trajectoires mystérieuses (on devine qui est réellement quoi, pourquoi, comment etc.)… Trop de zones d’ombre, trop d’éléments expédiés, Joker se regarde sans que l’on comprenne vraiment ni d’où il vient, ni où il veut aller. Comme si c’était là un premier jet du script qui avait été porté à l’écran par le cinéaste.