Je suis allé voir ce film pour deux raisons : j'aime beaucoup Nicole Kidman, et j'ai énormément d'admiration pour Grace Kelly en tant qu'actrice. J'avais aussi beaucoup aimé le film "la môme" du même réalisateur d'Oliver Dahan... Mais alors quel décalage vertigineux entre l'histoire poignante de notre Piaf nationale (et magistralement interprétée par Marion Cotillard) et ce conte de fée sirupeux à l'eau de rose, dans une principauté d'opérette, paradis fiscal et refuge doré des milliardaires !!! Certes, comme à son habitude, Nicole Kidman joue très bien, et son principal partenaire qui joue le prince Rainier également. Leurs relations sont assez bien décrites. Mais la prestation de ces deux acteurs ne sauve pas le film du naufrage. On ressent un malaise croissant à mesure qu'avance le film, qui se déroule pendant la crise diplomatique entre Monaco et la France sous la présidence de de Gaulle (1961-63). Monaco est présenté comme un pauvre petit pays oppressé par son agressif voisin la France, prête à l'annexer par les armes. Pour comparer par rapport à une situation actuelle, on croirait la Russie de Poutine face à l'Ukraine... On passe assez rapidement sur le fait que Monaco, par une politique fiscale agressive, attirait les riches contribuables français et les multinationales françaises qui y établissaient leur siège social pour y échapper à l'impôt en France. La France ne pouvait laisser faire sans réagir. Par ailleurs, la fin du film tourne carrément au ridicule :
la princesse Grâce, lors du bal de la Croix rouge qu'elle donne en présence de chefs d'Etat invités (de Gaulle acceptera d'y venir), fait un discours vibrant où elle plaide pour l'amour contre la violence, et patati et patata... Puis vient une musique religieuse, qui revient insidieusement à béatifier la princesse Grace... Cette charmante princesse n'est pas non plus mère Térèsa, et le fait qu'elle ait contribué à sauver ce petit paradis de riches qu'est Monaco ne lui vaut pas, à mon avis, les clés du paradis...
Mieux vaut retenir de Grace Kelly ses merveilleux rôles au cinéma (qui est vraiment ce pour quoi elle doit passer à la postérité, et non pour son rôle de belle potiche d'un Etat fantoche), notamment dans les chefs d'oeuvre de Hitchock que sont Fenêtre sur Cour, la main au collet, le crime était presque parfait. Je ne dirais pas que c'est un navet, car il y a des bons moments, et Nicole Kidman illumine le film de son charme, de sa classe et de ses qualités d'actrice, mais l'ensemble est très, très moyen, pour être indulgent...