La lilloise Dorothée Sebbagh, réalisatrice jusqu’alors de deux courts-métrages et collaboratrice (au montage ou à l’écriture du scénario) chez Emmanuel Mouret, Serge Bozon ou Valérie Donzelli, choisit pour Chercher le garçon, son premier long-métrage qui ne fait au final que 70 minutes, l’examen décalé du badinage et de la drague dans leur version moderne qui bannit le hasard et espère en l’accumulation et la multiplication.
Construit sur le motif de la répétition, celle des rendez-vous plus ou moins brefs auxquels se rend Émilie, le film réussit le pari de ne pas virer au systématisme, de se tenir à juste distance d’une vulgarité ou d’une lourdeur qui restent tapies dans l’ombre et d’instiller une ambiance à la fois légère, ironique et par instants mélancolique. Chercher le garçon n’est pas tenu de bout en bout, connait quelques faiblesses dans la caractérisation quelque peu outrancière et convenue de certains personnages masculins. Cependant, ils sont tous regardés avec tendresse, sans jugement. Le charme du film provient surtout de deux raisons. La première, c’est d’évidence le talent incontestable de la comédienne Sophie Cattani à camper avec une belle énergie, un grain de folie et une présence physique qui irradie l’écran la tenace Émilie. La seconde, c’est d’avoir eu la bonne idée de situer le film à Marseille et de tirer un profit maximal de la lumière maritime, des couleurs solaires, ce qui en fait aussi une sorte de film de vacances, de liberté qui crée un espace temporel où tout peut s’avérer, de l’espoir à la déception. Frais, spontané, cocasse et imaginatif, Chercher le garçon est une œuvre pétillante qui révèle dans les creux un regard futé et malicieux sur la société contemporaine – les dialogues touchent par leur justesse et leur mordant. Ayant choisi la bonne longueur, renouvelant presque à chaque fois le contexte de la rencontre, Chercher le garçon évite ainsi de devenir un catalogue ennuyeux et prévisible des clichés qu’on associe facilement aux dragueurs isolés, en mal d’amour, de l’Internet.