Pour son premier film, le réalisateur Anthony Marciano frappe un très grand coup en signant certainement la comédie de l’année… pour ne pas dire une des meilleures comédies de ces dernières années avec "Fatal". Armé d’un pitch tout simple et diablement efficace (un musicien raté se voit embarquer dans la crise de la cinquantaine de son futur beau-père), Marciano nous livre un film énormissime qui n’a rien à envier au ton irrévérencieux des comédies à l’américaine façon Judd Apatow. Il faut dire que le réalisateur a su soigner sa copie et se montrant attentif au rythme de son film (et surtout au rythme comique qui fait tellement défaut au cinéma français) qu’il dynamise à coups de BO de haute tenue (le rock est à l’honneur), de gags hilarants (les vannes de Gilbert, Suzanne qui ne finit jamais ses phrases, le voisin insupportable de perfection, la séance masturbation du nouveau petit ami de Lola, le chanteur lyrique qui s’abaisse à faire des chansons pour gamins…), de répliques extraordinaires ("avant j’lui bouffais la chatte, maintenant j’bouffe des graines", l’inattendu "Rentre chez ta mère, salope" asséné par un gamin de 6 ans…) et de seconds rôles fantastiques. Il faut voir le dealer et son parler caillera alors qu’il sort tout droit de Neuilly (le très versaillais Thomas Solivères) ou l’enfant star Mimi Zozo (excellente Mélusine Mayance) et ses chansons improbables pour se rendre compte qu’on est face à un client sérieux dans le registre comique. Marciano ne néglige pas pour autant les moments plus tendres de son intrigue (qui sont pourtant, en principe, les scènes chiantes de ce genre de productions) et réussit à émouvoir tant lorsqu’il évoque la crise du vieux couple qui ne se supporte plus que celle du jeune couple effrayé par l’engagement. D’ailleurs, si "Les Gamins" marque autant les esprits, c’est sans doute grâce à la complicité communicative qu’il a su installer entre ses personnages (qui ne rêverait pas d’avoir un beau-père aussi fun que Gilbert, malgré ses défauts ou de s’endormir chaque soir en "faisant l’acteur porno" avec sa fiancé ?) et à la réflexion très pertinente qu’il s’autorise sur la vie de couple. Les personnages nous touchent et le ton du film s’avère étonnement juste... ce qui n’est pas un mince exploit ! Le talent du réalisateur permet, ainsi, de faire oublier que la prévisibilité de l’intrigue qui nous emmène exactement à l’endroit prévu avec un énorme happy end… qu’on ne parvient pas à critiquer tant on souhaite que l’histoire se termine bien pour tout le monde. Et la faute en incombe, bien évidemment, à l’exceptionnelle prestation des acteurs réunis sous la caméra de Marciano (qui, outre un talent comique indéniable, parait avoir un sens aigu du casting). En premier lieu, quel bonheur de retrouver le monstrueux Alain Chabat dans un rôle à la hauteur de son génie comique (ce qu’on avait pas vu depuis très longtemps à l’écran, si l’on excepte ses propres réalisations). Il n’étouffe pas, pour autant, son partenaire, Max Boublil, plus connu jusque là pour ses excellentes chansons sur Internet (et ses shows un peu pénibles sur les plateau télé), et qui parvient à exister face à l’icône Chabat, en artiste amoureux. Autour d’eux, on pourra apprécier la magnifique Mélanie Bernier, la surprenante Sandrine Kimberlain (qu’on n’avait jamais vu aussi drôle à l’écran), Arié Elmaleh en producteur de disque ainsi que les caméos plutôt sympas d’Iggy Pop et Patrick Bruel. "Les Gamins" est donc une fantastique réussite, à la fois drôle et tendre, qui augure du meilleur pour la suite de la carrière de son réalisateur… Vivement !