Énième teen movie des années 90 vous allez me dire et bien je vous dit non, le film est en réalité plus que ça ! Réalisé par Raja Gosnell et sorti en 1999, j'ai l'impression que nous avons ici un peu le problème qu'avec "Lolita malgré moi". Certes, vu comme ça, le film parait vraiment peu attrayant, très fleur bleue et pas vraiment révolutionnaire. Mais, lorsque l'on creuse un peu et surtout, que l'on s'intéresse au genre, on se rend compte que le film n'est pas si débile que ça. Oui, c'est un teen movie, le film en reprend les codes mais il y a tout de même ici une différence de taille : le personnage principal n'est pas lycéenne. Effectivement, pour rapidement résumer le film, une journaliste de 25 ans très coincée doit se faire passer pour une lycéenne afin de faire un reportage sur la jeunesse d'aujourd'hui (de 1999 donc). Notons tout de suite que, comme son titre V.O l'indique ("Never been kissed"), le personnage principal est encore vierge et n'a même jamais embrassé de garçon. Tout en nous faisant réfléchir sur le teen movie, le film en véhicule également les codes et là, on nous dit en gros que si on est un loser au lycée, il y a peu de chance qu'on évolue socialement (parce-que professionnellement, ça va). Comme une seconde chance, le personnage doit alors repasser par la case lycée afin d'évoluer dans la sphère sociale du lycée (donc, comme dans "Lolita malgré moi", de commencer au bas de l'échelle avec les nerds et de finir en haut avec les blondes) et avoir accès au Saint Graal, c'est-à-dire être couronnée au bal de promo. Comme si toute la vie du personnage dépendait de ces étapes qui sont, dans la réalité, très futiles dans la vie d'une personne (et puis, soyons clairs, personne n'a envie de se retaper le lycée). Le film est donc intéressant pour cet aspect méta mais également par rapport aux nombreuses questions sexuelles qu'il aborde, et notamment celle de la frustration. Les trois personnages principaux sont sexuellement frustrés, tout d'abord Rob, frère du personnage principal qui s'incruste lui aussi au lycée et qui voudrait sortir avec une lycéenne, le prof qui doit se temporiser pour ne pas sortir avec son élève et enfin Josie qui craque pour un lycéen. D'ailleurs, à la fin, ces espèces de relations ambiguës (qui passent d'ailleurs en général très mal auprès du public américain, étant très prude) rentrent dans l'ordre puisque tout le monde regagne sa place sociale (l'honneur est sauf, le film n'est pas "malsain"), Josie étant évidemment sortie de cette expérience libérée et peut enfin être une femme libre et émancipée (le discours général est donc un peu limite mais en même temps, c'est ce le discours que chaque teen movie véhicule, de manière plus subtile). Et à côté de ces aspects intéressants, nous retrouvons le côté comédie romantique très niaise, dont notamment la fin qui est tout sauf réaliste, ce qui est dommage. En ce qui concerne les acteurs, nous avons, dans les seconds rôles, de nombreuses têtes connues mais nous retiendrons surtout Drew Barrymore, Michael Vartan et David Arquette qui jouent très bien. "College Attitude" est donc loin d'être un teen movie juste niais et dénué de sens mais offre au contraire une réflexion intéressante sur le genre.