Bad Ass est un film d’action très basique, dont on n’attend rien au départ, mais qui finalement s’avère une bonne surprise.
D’abord il a un casting alléchant, bien qu’à mon sens sous-exploité. En tête d’affiche, on trouve un Danny Trejo très solide. Il incarne encore, comme souvent, un gros dur, mais le réalisateur lui offre un rôle plus consistant. Il arrive à aller plus avant dans l’expression des sentiments, et surtout il n’hésite pas à s’auto-parodier pour le plus grand plaisir du spectateur. Il est même parfois franchement drôle. A ses cotés, contrairement à ce que l’on peut croire, non, il n’y a pas Ron Perlman. Celui-ci a vraiment un rôle très secondaire, ce qui est un peu dommage d’ailleurs, car Perlman vaut son pesant de cacahuètes, et un face-à-face Trejo-Perlman aurait eu de l’allure. On a donc le droit en méchant principal à Charles Dutton qui s’avère honorable, mais un peu trop caricatural et à la limite de l’excès de cabotinage. Je note la très bonne prestation de Joyful Drake. Elle apporte réellement quelque chose au film et elle s’avère très juste dans son interprétation.
Coté scénario, l’histoire ne casse pas des briques, bien sur. Toutefois Bad Ass est un film futé. Il introduit beaucoup de second degré, d’humour noir, et crée autour du héros principal une réelle « vie ». Le film s’intéresse à son héros, et lui donne de l’épaisseur. C’est bien vu car le film, qui n’aurait été alors qu’une succession de bastons, gagne en solidité, et s’avère vraiment agréable à regarder, visiblement conscient en plus de ses limites scénaristiques. Le rythme est très bon, et le réalisateur a eu l’intelligence de proposer un film court mais plein. Franchement c’est au bout du compte très efficace.
Visuellement le résultat est là aussi plutôt convaincant. La mise en scène est franchement bien faite. Un peu surprenant d’ailleurs venant d’un réalisateur qui n’a pas franchement grand-chose de brillant à son actif. Si quelques combats sont un peu mous et filmés sans grande conviction, en revanche la poursuite en bus et pas mal du tout, et la séquence finale avec les deux bus est très bien tournée. En tout cas on sent un metteur en scène qui se fait plaisir, et le résultat est bon. La photographie est assez quelconque. Au début elle inquiète un peu, avec un aspect trafiquée pas des plus attirants, mais ensuite elle trouve une certaine sobriété qui passe assez bien. Les décors sont sans intérêt particulier. Alors j’ignore le budget du métrage, mais je précise qu’il est assez classieux pour ce qui ressemble fort à une petite série B de base. Le meilleur résidant bien sur dans la séquence des bus, ce qui au passage soulève l’excellente gradation du film qui monte en puissance. Quelques scènes sanglantes et un peu chocs déconseille le film aux personnes sensibles, et plus spécialement à ceux qui ne supportent pas trop les films d’auto-défense. La bande son est elle aussi un bon point, alternant entre rythmes latinos et rap urbain.
En conclusion, Bad Ass n’est pas un chef-d’œuvre, mais dans sa catégorie il fait mieux que se défendre. Violent mais teinté d’humour, bien mené par un Trejo en forme, rythmé, il n’est pas que bourrin. Il essaye justement d’échapper à cette seule caractérisation, et ses efforts, louables, donnent concrètement du résultat. Je lui accorde sans problème un 4. Plus ce serait oublier tout de même qu’il reste sur des sentiers battus, et qu’il n’est pas non plus exceptionnel de manière globale.