Après un « Magic Mike » qui nous montrait la crise d’aujourd’hui avec un homme obligé de faire des strip-teases pour gagner sa vie, voilà une autre facette de notre époque : la dépression. Après avoir essayé de se donner la mort, Emilie va être traitée pour sa dépression, chose auquel de nombreuses personnes font face de nos jours. La réalisation de Steven Soderbergh insert des gros plans sur les différents cachets, médicaments et leurs boîtes donnant un effet très particulier au film que je ne saurais décrire. J’avais l’impression qu’en nous envoyant en pleine face ces gros plans sur ces médicaments, Steven Soderbergh voulait nous montrer les « méchants » de l’histoire. Un peu à la manière d’images subliminales, sauf que celles-ci sont clairement visibles. Le traitement de l’image, assez sombre et glauque, accentue cela et ressemble au traitement de l’image de « Contagion » mais avec un ton de couleur différent. Toutes ces nuances de couleurs et de lumières donnent à ce thriller une ambiance remarquable !
Soderbergh va même jusqu’à se la jouer Hitchcock en faisant disparaitre ce que l’on pensait être l’un des personnages principaux au bout des trente premières minutes du film, qui sont, d’ailleurs, un peu longue mais nécessaire. Ce n’est seulement qu’après que le film débute réellement. Là, le réalisateur s’amuse avec nous, nous envoyant sur différentes pistes et joue un jeu du chat et de la souris. La performance de Jude Law, véritable personnage principal du film, rajoute à cet effet de flou dans nos pensées avec son jeu d’acteur de paranoïaque remarquable qui pense être victime d’un complot ou autre magouille pour lui nuire. Rooney Mara incarne la dépression avec beauté et a réussi à me foutre le cafard rien qu’avec ses regards. Catherine Zeta-Jones et Channing Tatum livrent, quant à eux, des prestations correctes.
Comme vous l’aurez compris, le point fort de « Effets secondaires » reste son scénario signé Scott Z. Burns. En plus de jouer avec nous durant tout le film, le scénario nous réserve un twist final surprenant comme pour nous dire « Alors, on vous a bien eu ? ». Au final, le dernier plan fait écho au premier. La caméra part d’une fenêtre, et recule jusqu’à ce qu’on ait une vue d’ensemble sur la ville. Le premier plan est l’exact inverse. Steven Soderbergh venait se concentrer sur une histoire, une fois l’histoire terminée, il revient vers la ville qui en contient de nombreuses autres. La dépression étant un fait qui devient banal de jour en jour. Steven Soderbergh, le témoin de notre époque ?
« Effets secondaires » est un excellent thriller. Mais est-ce le dernier film de Steven Soderbergh que l’on pourra voir au cinéma, puisqu’il a annoncé sa retraite ? Ça serait dommage qu’il s’arrête en si bon chemin, et puis, au fond, il est connu pour revenir fréquemment sur ses paroles. Donc, j’ai hâte de voir son prochain film, ou du moins son téléfilm, « Behind the Candelabra ».